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Vers un RER dans le bassin de Clermont-Ferrand ? Un défi soutenu par le Pôle métropolitain Clermont Vichy Auvergne

Près de la moitié des français vivent dans l’aire d’attraction des grandes métropoles de Province [1]. Actuellement la desserte par les transports collectifs (trains et/ou cars) de ces espaces est dans bien des cas limitée à quelques services principalement aux heures de pointe, laissant toute leur place aux déplacements en voiture. Les engagements pour le climat et l’environnement, mais aussi les enjeux de vulnérabilité économique des personnes dépendantes de longs trajets domicile-travail imposent de repenser le modèle de mobilité et d’inventer de nouveaux “outils”.

La loi d’Orientation des Mobilités (2019) a impulsé le développement du ferroviaire dans les zones périurbaines. Plusieurs territoires portent des réflexions ou ont déjà développé de nouveaux services pour répondre aux besoins croissants aux abords des grandes métropoles. L’actualité récente a précisé les objectifs du gouvernement, avec le souhait de doter de RER les grandes agglomérations françaises.

Dans le bassin clermontois, les échanges entre la  métropole de Clermont-Ferrand, ses couronnes périurbaines et le chapelet de villes moyennes environnantes (Issoire, Thiers, Vichy…) conduisent à lancer étude co-portée par le Pôle métropolitain Clermont Vichy Auvergne, la Région, l’Etat et la SNCF, en vue de créer un tel système Réseau Express Régional [2].

UNE DYNAMIQUE NATIONALE POUR IMPULSER DES « SYSTÈMES EXPRESS MÉTROPOLITAINS » DANS LES PRINCIPAUX BASSINS URBAINS

la Loi d’Orientation des Mobilités (2019) a pour objectif de favoriser le développement des mobilités les moins polluantes : elle prévoit de doubler la part modale du transport ferroviaire dans les grands pôles urbains.

Projet de Service Express Métropolitain

Dans ce cadre, SNCF Réseau a présenté, fin 2020, une étude intitulée « Étoile ferroviaire et services express métropolitains », qui identifie le potentiel de développement, dans une trentaine de zones urbaines (cf. carte ci-dessus). Le concept s’appuie sur les flux majeurs de TER existants, par exemple Lyon-St-Etienne, Marseille-Toulon, ou encore Clermont-Ferrand-Moulins et envisage de proposer  un service incluant un meilleur cadencement, une multiplication des arrêts, ou encore une intégration de l’offre ferroviaire aux services de transports urbains. En novembre 2022 l’ambition d’exporter le modèle du réseau de trains urbains francilien dans d’autres villes est revenue dans l’actualité, avec pour objectif de faire reculer la prédominance de la voiture pour les transports du quotidien.

D’OÙ PARTONS-NOUS SUR LE BASSIN DE CLERMONT-FERRAND ?

Le territoire clermontois a été identifié comme un site de flux Train Express Régional majeur, sur un axe allant de Vichy à Issoire. L’offre ferroviaire est de fait consistante sur cet axe, avec une trentaine de trains par jour et par sens, soit des valeurs comparables à d’autres axes structurants comme Bordeaux – Arcachon ou encore Nantes – Saint-Nazaire.

Plusieurs gares de cette section Vichy–Issoire accueillent quotidiennement plusieurs milliers de personnes. Ainsi, Vichy ou Riom sont fréquentées par environ 1 million de voyageurs chaque année, les plaçant à des niveaux proches d’Arcachon ou Saint-Nazaire, voire de villes plus importantes comme Bayonne ou Bourges. Issoire, avec une fréquentation de l’ordre du demi-million de voyageurs est également une gare assez importante. Son attraction est semblable à Tarare (Ouest lyonnais) ou encore à des gares de villes moyennes (Albi, Auxerre, Cholet…).

Afin d’assurer cette dynamique des échanges par la voie ferroviaire, plusieurs actions ont été menées ces trente dernières années :

–   le renforcement des dessertes ferroviaires des différents axes au départ de Clermont-Ferrand, même si dans la période la plus récente le nombre de circulations a eu tendance à baisser ;

–   la création de nouvelles gares à Clermont-La Pardieu, Clermont-La Rotonde ou Aulnat-aéroport et réaménagement des gares du Cendre ou de Pont-du-Château ;

– la transformation des gares principales (Clermont-Ferrand, Riom, Vichy) en Pôles d’Échanges Intermodaux ;

– l’aménagement des terminus partiels à Durtol, Vertaizon et Vic-le-Comte pour intensifier les dessertes dans les secteurs les plus proches de Clermont-Ferrand.

QUELLE POURRAIT ÊTRE L’AMBITION D’UN SYSTÈME RER CLERMONTOIS ?

Le concept de « Service Express Métropolitain », autrement appelé RER, vise à proposer une offre  plus intense et plus attractive, avec plus de trains, sur une amplitude horaire large, avec des fréquences rapprochées aux heures de pointe. Mais ce système a également pour objectif d’être pleinement intégré avec les offres de transports locales, urbaines comme périurbaines.

Il s’agit d’assurer rabattements et correspondances des transports locaux vers le train, et d’associer à ce service un titre de transport unique, que ce soit pour prendre le train, le tramway, un bus urbain ou un car inter-urbain.

Enfin, les gares et leur quartier environnant sont requalifiés, à la fois pour donner accès à une desserte ferroviaire (stationnement, éclairage, espaces d’attente, accessibilité personnes à mobilité réduite) et pour qu’ils deviennent des lieux de vie attractifs, pour habiter, travailler, trouver des services.

Au regard des objectifs visés par la création d’une desserte de type RER sur le bassin clermontois, les élus du Pôle métropolitain Clermont Vichy Auvergne ont rassemblé leurs attendus dans une contribution commune.

D’une part, il est attendu un service ferroviaire renforcé et fiable. Il s’agit de disposer aux heures de pointe d’une desserte toutes les 15 à 30 minutes pour répondre en priorité aux déplacements contraints (domicile – travail / école). Une attention particulière sera portée à la possibilité d’aller dans les villes moyennes du territoire (Issoire, Riom, Thiers, Vichy) et d’en revenir dans la journée / la demie-journée.

D’autre part, il conviendra de mettre en valeur les gares, en augmentant la desserte des haltes ferroviaires périphériques (La Pardieu, Aulnat-aéroport…), avec plus de dessertes “diamétralisées” sur les axes Vichy – Issoire et Volvic – Thiers. En parallèle, l’aménagement des quartiers de gares devrait être repensé pour les rendre plus attractifs. A plus long terme, une réflexion sur la pertinence de nouvelles gares pourrait être conduite.

Enfin, l’intermodalité devra progresser, afin de disposer d’une offre unifiée entre le train et les autres services de transport, grâce à des correspondances pratiques entre trains et bus, une tarification unique entre le train et les autres offres de mobilités, ou encore  des facilités pour poursuivre son trajet à vélo à la descente du train.

UN PROJET DE RER COMPLÉMENTAIRE D’INSPIRE, DU SCHÉMA CYCLABLE ET DE LA STRATÉGIE EN TERMES DE CIRCULATION ET STATIONNEMENT

Les actions développées conjointement par la Métropole et le SMTC [3] portent notamment sur la réalisation du projet InspiRe : création de 2 lignes de Bus à Haut Niveau de Service et requalification des espaces traversés, restructuration du réseau de transports en commun, développement d’un schéma cyclable métropolitain (360 km d’aménagements d’ici 2026), nouvelle stratégie en termes de circulation et de stationnement. Cet ensemble de mesures vise à réduire notablement la part des déplacements automobiles au sein de la Métropole. En effet, le Plan de Déplacements Urbains (adopté en 2019) prévoit une réduction de la part des déplacements réalisés en voiture de 61% à 50% d’ici 2030.

L’opportunité de doter le territoire d’un projet RER pourrait concourir à cet objectif de moindre usage de la voiture au sein de la Métropole, notamment sur des trajets où le train est compétitif (ex : Clermont-Ferrand – Le Cendre).

De plus, pour les habitants vivant dans les zones périurbaines, l’amélioration significative du service ferroviaire peut modifier les usages en faisant renoncer à des trajets en voiture. Si, dans la structure des mobilités, les déplacements entre les couronnes périurbaines et la Métropole sont bien moins nombreux que les déplacements internes à la Métropole (200 à 250 000 déplacements quotidiens contre plus de 1 million), ils représentent des kilomètres parcourus assez proches, du fait de déplacements unitaires nettement plus longs (en moyenne de l’ordre de 4 km en interne à la Métropole et plus de 20 km pour les déplacements d’échanges). Ainsi, au regard des enjeux de limitation du réchauffement climatique, d’égalité sociale, de sobriété énergétique ou encore de pouvoir d’achat, le report d’automobilistes sur un système RER est stratégique.

DES TERRITOIRES INSPIRANTS DÉJÀ ENGAGÉS DANS DES OFFRES FERROVIAIRES PERFORMANTES

Strasbourg : une offre ferroviaire revalorisée

Depuis décembre 2022, le bassin de Strasbourg est doté d’un Réseau Express Métropolitain Européen (REME), qui vise à faciliter les déplacements en train entre Strasbourg et des polarités situées à 30 / 50 km (Haguenau, Saverne, Sélestat…). Malgré des difficultés à son lancement, un véritable « choc d’offres » permet désormais de proposer a minima 1 train toutes les 30 min de 5h à 22h dans toutes les gares sur les lignes Saverne – Sélestat, Strasbourg-Haguenau et Strasbourg – Molsheim. A plus long terme, les axes vers Lauterbourg et Offenburg seront eux aussi revalorisés.

Ainsi le schéma ci-dessous met en évidence une évolution modérée du nombre de trains pour les gares principales (Haguenau, Saverne, Molsheim, Sélestat), mais les gares intermédiaires voient leurs dessertes progresser plus nettement. Pour exemple, l’offre à destination de la gare de Molsheim augmente de 35%, alors que l’offre à destination des 5 gares intermédiaires entre Strasbourg et Molsheim progresse de 65%.

Evolution de la desserte ferroviaire strasbourgeoise avec la mise en service du Réseau Express Métropolitain Européen

Lille : une tarification ferroviaire intégrée avec métros, trams, bus

A l’instar d’autres agglomérations comme Caen, Grenoble, ou Nevers par exemple, Lille a développé l’intégration tarifaire entre les services de transports urbains et les TER.

Concrètement, des conventions ont été signées entre Métropole et Région pour que le voyageur puisse utiliser les tickets et abonnements des transports urbains sur les trains à l’intérieur du périmètre de la métropole lilloise. Au-delà de proposer des trajets parfois mal couverts par le réseau urbain, cette mesure booste l’usage occasionnel du train : un prix forfaitaire est plus avantageux que la tarification kilométrique de la SNCF. Par exemple, entre Tourcoing et Lille, le tarif SNCF est de 3,30€. L’usage d’un ticket urbain permet de ramener ce prix à 1,80€.

Périgueux : des gares aménagées et réparties sur le territoire

En juillet 2022, l’agglomération de Périgueux s’est dotée d’une navette ferroviaire, dont le service est plutôt modeste (1 train toutes les 30 minutes aux heures de pointe). Pour autant, une valorisation de l’ensemble des neuf gares a été entreprise pour améliorer leur intégration urbaine et faciliter les échanges intermodaux.

Ainsi, la gare principale de Périgueux fait l’objet d’une transformation en Pôle d’Échange Intermodal (6,6 millions d’euros) – livraison prévue en 2023. Deux gares nouvelles ont été créées à Boulazac et Marsac pour un coût de l’ordre de 4 millions d’euros par gare. Cela a porté sur la création de quais pour l’accès au train, d’une passerelle dotés d’ascenseurs et la réalisation d’aménagements pour faciliter l’intermodalité : parking, abri vélo, quais pour les bus. Enfin, les autres gares ont fait l’objet d’une modification des espaces publics pour faciliter les échanges entre les différents modes.

Ces exemples de réseaux express locaux montrent l’intérêt d’un service ferroviaire renforcé, cadencé et fiable, à même d’augmenter l’attractivité des transports publics. Ils montrent également la volonté des territoires d’inscrire le développement urbain en lien avec les étoiles ferroviaires et leurs gares connectées, ce qui pourrait constituer ainsi une colonne vertébrale du développement territorial du grand bassin métropolitain clermontois, en cohérence avec les enjeux climatiques et écologiques globaux.

Répondre ensemble aux enjeux d’une alimentation suffisante et de qualité pour tous : des exemples auvergnats inspirants

L’Agence d’urbanisme et l’Union Départementale des CCAS [1] ont menés en partenariat différents travaux sur la précarité alimentaire : état des lieux de l’aide alimentaire et pistes d’amélioration, enquête auprès des CCAS, des CIAS et des recourants à l’aide alimentaire, rencontres délocalisées réunissant élus, techniciens, CCAS, CIAS et représentants du système alimentaire sur l’ensemble du territoire puydômois. A l’occasion de la restitution de ces travaux [2], des acteurs auvergnats ont été invités à présenter leurs initiatives locales en faveur d’un accès à une alimentation saine et de qualité pour tous.

L’augmentation de l’insécurité alimentaire, mesurée selon la capacité des ménages à s’alimenter quotidiennement, en quantité suffisante, est un risque réel. Pour mémoire, l’état des lieux [3] a montré qu’une personne sur cinq ayant recours à l’aide alimentaire se trouve, malgré cette aide, en situation d’insécurité alimentaire et doit régulièrement sauter des repas pour des raisons financières.

Dans le contexte de dérèglement climatique induit par les modes de vie et activités humaines, la capacité des territoires à nourrir leur population est mise en danger par différents phénomènes : la mondialisation de la production rend les territoires dépendants pour leur approvisionnement en produits alimentaires de base, les crises économique et énergétique se traduisent par une augmentation des publics précaires, et la résilience des territoires aux aléas climatiques, corrélée à la résilience alimentaire, reste à construire.

Cette rencontre a été l’occasion de montrer comment chacun se saisit du problème, travaille en commun, se coordonne et mobilise les leviers de la solidarité pour répondre aux urgences sociales et contribuer à la sécurité alimentaire des habitants du Puy-de-Dôme. Nous en partageons des témoignages.

Mme Florence Uzannaz, vous êtes directrice du CIAS d’Ambert Livradois Forez. Cette communauté de 58 communes a donné au CIAS la responsabilité d’assurer l’accès à l’alimentation pour tous. C’est la seule intercommunalité du département à avoir fait ce choix. Quelles sont les actions phare et innovantes que vous menez ?

Notre volonté a été de proposer une solution pour que chacun, sur le territoire d’Ambert Livradois Forez, ait accès à l’alimentation malgré les freins importants que sont la mobilité et le besoin d’anonymat. Un acteur historique, la Maison de l’Alimentation, répond aux besoins alimentaires des familles précaires, en collaboration avec les Restos du Cœur et d’autres acteurs associatifs, en donnant accès à des colis et à une épicerie sociale. Les liens entre les communes facilitent les échanges entre les mairies et permettent d’assurer la coordination. Le liant repose aussi sur une volonté politique forte des élus qui ont fait de l’action sociale une priorité pour leur mandat 2020-2026. Ainsi, la conférence des maires a adopté un projet qui permet de libérer les assistantes sociales de la charge de la réalisation des colis par la mise en place d’un service de livraison de denrées aux familles précaires en toute confidentialité. Chaque maire est référent de sa commune depuis janvier 2023. L’objectif est d’assurer une fluidité entre les acteurs et d’apporter une réponse pérenne à tous.

Jean-François Domas, vous êtes le directeur d’A.L.IS. Trait d’Union [4], association coordinatrice du Groupement d’intérêt public « Alim’solidarités » qui regroupe six communes non limitrophes de Haute-Loire. Il s’agit d’une organisation atypique, comment celle-ci assure-t-elle une coordination sur l’aide alimentaire ?

Historiquement le GIP est né du constat d’une faible présence des associations et des banques alimentaires dans ces territoires ruraux, malgré des besoins bien identifiés dans le cadre du Contrat local de santé du Pays de Lafayette. C’est un exemple fort de mise en commun de ressources dans un objectif partagé, adossé à une organisation territoriale spécifique puisqu’aucune obligation de continuité territoriale n’est imposée. Chaque commune qui souhaite adhérer au GIP doit signer la charte préalablement établie, nommer des délégués au Conseil d’administration et payer une cotisation. Les associations caritatives ont la possibilité d’adhérer mais pas les épiceries sociales et solidaires. De plus, l’Etat et le Conseil Départemental de Haute-Loire contribuent par une aide financière.

La mission du GIP est d’alimenter, tout au long de l’année, en produits alimentaires et d’hygiène, les structures affiliées, charge ensuite à ces structures de répartir au mieux les denrées entre les bénéficiaires et ayant droits les plus démunis. Le GIP met à disposition des locaux afin d’entreposer puis de distribuer l’aide alimentaire. Une collecte annuelle, qui mobilise 70 bénévoles, est organisée auprès du grand public dans les supermarchés des communes adhérentes. Cependant, il est clair que maintenir la cohésion des structures est un enjeu sur le long terme.

Mme Elodie Coudert, vous êtes animatrice de la Fédération Régionale des CIVAM d’Auvergne [5] et responsable des thématiques alimentation, circuits courts et agritourisme. Vous accompagnez les agriculteurs, quels sont les défis que vous rencontrez ?

La fédération régionale des CIVAM d’Auvergne soutient les acteurs de la ruralité en accompagnant des porteurs de projets et en développant des partenariats au service du développement rural. Un premier défi est de trouver de nouveaux débouchés aux producteurs locaux. Plus que jamais, les agriculteurs vivent des heures compliquées. Le souhait du CIVAM est de les accompagner dans le maintien de leur activité. Pour ce faire, les agriculteurs doivent être rémunérés au juste prix, mais celui-ci n’est pas forcément accessible aux publics précaires. Du fait des dispositifs de commercialisation et du coût des produits, certains publics n’ont pas accès à une alimentation de qualité en circuits-courts. C’est pourquoi la fédération s’est rapprochée des structures sociales d’aide alimentaire. Des projets de maraîchage solidaire « accessible » ont alors émergé à Ambert et Vichy. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire sèment, entretiennent et récoltent les légumes mis en culture sur une parcelle prêtée par des maraîchers. Les produits sont ainsi amenés à l’épicerie sociale et solidaire puis vendus ou distribués aux usagers.  Cependant, ces projets se pérennisent difficilement.

Le CIVAM fait aussi partie du collectif porté par différents acteurs de la société civile pour la création d’une Sécurité sociale pour l’alimentation, un nouveau droit social qui sanctuariserait un budget pour l’alimentation de 150 € par mois et par personne, intégré dans le régime général de sécurité sociale. Tout comme pour la sécurité sociale à son origine, ce budget devra être basé sur des cotisations de caisses locales de conventionnement, chacune de ces caisses, gérées par les cotisants, ayant pour mission d’établir et de faire respecter des règles de production, de transformation et de mise sur le marché de la nourriture garantes d’un fonctionnement démocratique. Si ce projet de sécurité sociale alimentaire aboutit, il proposera de nouveaux débouchés aux producteurs agricoles locaux.

Mme Eline Copin, vous êtes chargée de mission pour le Projet Alimentaire Territorial (PAT) du SMAD des Combrailles [6]. Cette forme de coordination, interterritoriale, se développe sur tout le Puy-de-Dôme. Quels outils mettez-vous en place pour travailler cette question de la résilience alimentaire ?

L’objectif du PAT des Combrailles est de convier les acteurs de l’alimentation à un travail collectif afin de mieux produire et de mieux consommer, pour améliorer notre résilience alimentaire. Pour mener à bien ce projet, trois axes de travail ont été définis : développer la restauration hors domicile, accompagner l’organisation et la structuration des filières agricoles locales, et sensibiliser à une alimentation saine, de qualité et de proximité.

Le PAT doit mettre en synergie tous les acteurs du territoire, qu’ils s’occupent d’agriculture, de santé, d’action sociale… Les thématiques abordées étant diverses, elles rassemblent les acteurs autour de leurs besoins et permettent de développer leur interconnaissance.

La gouvernance du PAT est assurée par les élus et le comité de pilotage. Un comité scientifique intervient quant à lui sur les aspects méthodologiques des actions mises en place. Enfin, un groupe technique thématique rassemble tous les acteurs de la stratégie alimentaire pour les faire échanger et coordonner. Le point faible actuel est la difficulté de maintenir la dynamique commune sur le long terme car elle est chronophage, énergivore et nécessite des ressources humaines dédiées.

Ces différentes approches de la coordination locale conduites et présentées en 2022 ont illustré des possibilités d’organiser des actions concrètes en faveur de l’accès à l’alimentation pour tous. La coordination des acteurs ayant été identifiée comme l’un des axes prioritaires dans le cadre de l’état des lieux de l’aide alimentaire, ces échanges mettant autour de la table des acteurs du système alimentaire local sont à encourager pour construire et mettre en oeuvre un plan d’actions cohérent et porté collectivement, embarquant tant les producteurs que les distributeurs et les consommateurs. C’est pourquoi l’Agence d’urbanisme portera en 2023 la “tournée des popotes” : une action favorisant l’interconnaissance des acteurs, pour contribuer à une meilleure coordination institutionnelle du système alimentaire dans le Puy-de-Dôme et à la prise en compte des enjeux liés à la solidarité et à l’alimentation des publics vulnérables.

Recycler les friches pour relever le défi de la sobriété foncière

Symboles d’un passé industriel actif, de nombreuses friches sont présentes sur les territoires, urbains comme ruraux. Elles dessinent un paysage en mutation, en attente de nouvelles perspectives. Celles-ci semblent justement s’ouvrir depuis août 2021 avec la loi Climat & Résilience qui entraîne un changement de paradigme pour l’aménagement des territoires en fixant, à l’horizon 2030, un objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Les friches deviennent donc une véritable ressource, sous réserve que les collectivités dépassent les difficultés à projeter de nouvelles valeurs d’usage pour ces espaces délaissés qui constituent un potentiel foncier précieux, véritable terrain de jeu et d’expérimentation pour tester des projets urbains désormais contraints à une plus grande sobriété et fédérer une filière d’acteurs dédiée autour d’une stratégie commune.

Nous donnons ici un aperçu de l’accompagnement et des outils développés par l’Agence d’Urbanisme.

UNE DÉMARCHE DE PROJET TERRITORIAL

Des expérimentations sont en cours sur nos territoires et les premiers points de vigilance apparaissent. La reconversion des friches ne peut être réalisée au “coup par coup”, en fonction d’opportunités, au risque de produire une structure binaire qui d’un côté sanctuarise des espaces, tandis qu’elle en densifie d’autres. D’autant que les modèles économiques de développement urbain qui ont cours sont basés sur une échelle restreinte, un site ou une zone, et non à une échelle territoriale induite par le recyclage foncier.

En ce sens, l’Agence d’urbanisme Clermont Massif central propose des méthodes et des outils d’aide à la décision pour accompagner décisionnaires et acteurs concernés, à se saisir de l’enjeu de la reconversion des friches dans une optique de transition écologique.

Sur de nombreux territoires, la reconversion des friches est abordée par le biais du développement économique, pour répondre à la perte d’attractivité des zones d’activités et leur mutation progressive vers l’activité commerciale et de services, activités par nature plus « volatiles », qui renforcent la déqualification de ces zones.

La réponse souvent apportée à cette problématique est l’extension urbaine. Du foncier agricole ou naturel est ainsi mis à disposition pour le développement économique. Ce modèle de développement par l’étalement urbain, qu’il soit par ailleurs économique ou résidentiel, repose sur des méthodes et des outils éprouvés, des modèles financiers sûrs, des documents de planification et d’urbanisme réglementaires favorables.

Sans partir d’une page blanche, la planification du recyclage foncier, avec la mobilisation des friches, reste aujourd’hui à expérimenter et à consolider afin de poser une méthode de recyclage du foncier, plus qu’un modèle de développement.

UN ACCOMPAGNEMENT DES TERRITOIRES

Les agences d’urbanisme de France et l’ADEME accompagnent désormais l’aménagement des territoires et leur inscription dans l’atteinte des objectifs de la transition écologique. En 2021, dans un contexte de sobriété foncière renforcée, l’ADEME, avec l’appui du réseau Urba4 rassemblant les quatre agences d’urbanisme de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a mis à l’honneur le thème de « La reconversion des friches économiques et leur contribution dans les stratégies de transition écologique ».
L’objectif ZAN de la loi Climat et Résilience rend en effet indispensable le recyclage du foncier issu des friches économiques vers les différentes fonctions nécessaires à une politique territoriale d’aménagement du territoire.

Pour économiser la “ressource sols” et atteindre les objectifs de transition écologique, il apparaît ainsi important que la dynamique de conversion des friches économiques s’accroisse et que les territoires s’emparent de ce sujet à fort enjeu.

La démarche proposée articule expertise technique et temps politique pour définir une stratégie territoriale de reconversion des friches. À partir d’un corpus de sites en friches repérés, les décisionnaires cheminent vers un choix de sites pilotes, qui seront des démonstrateurs de situations de remobilisation et de thématiques choisies (valorisation du patrimoine bâti, renaturation ou optimisation foncière). Le choix de ces sites pilotes définit une feuille de route pour le territoire, pour la mise en œuvre de sa stratégie territoriale.

L’étude de gisement des friches  fournit un état des lieux du potentiel du territoire, les éléments d’analyse et d’aide à la décision pour faciliter les choix de priorisation et de planification des interventions. Déroulé : AUCM

Cette démarche s’appuie sur deux outils de qualification des gisements friches : l’outil Mutabilité et l’outil TransiFriches.

L’OUTIL MUTABILITÉ

La reconversion de sites en friches est un processus complexe, souvent long, qui mobilise de multiples acteurs. Mieux qualifier les friches, c’est enclencher un projet en lien avec le territoire : faire d’une opportunité localisée un potentiel pour une stratégie territoriale.

Au-delà d’un inventaire quantitatif et cartographique, l’outil Mutabilité interroge les caractéristiques des espaces vacants. La qualification des sites se construit selon les grandes thématiques de l’aménagement déclinées en plusieurs critères, par exemple : l’accessibilité et la desserte en transport en commun, leur situation en secteur de déprise ou d’attractivité. On obtient ainsi un classement du potentiel de mutation des friches.

L’OUTIL TRANSIFRICHES

Les opportunités de recyclage foncier que représentent les friches, nécessitent la définition d’une stratégie territoriale pour un développement raisonné et l’atteinte des objectifs du Zéro Artificialisation Nette (ZAN).

Le potentiel de contribution à la transition écologique des friches, appréhendé par « TransiFriches », qualifie et hiérarchise les sites en vue de la définition d’une stratégie équilibrée entre développement et renaturation, et une possible projection de scénarios, construite selon les vocations préférentielles définies pour chacun des sites.

A titre d’exemple, le schéma ci-dessous présente les différents profils établis avec les outils Mutabilité et TransiFriches, pour le gisement stratégique de friches de Thiers Dore et Montagne (TDM) et la répartition des friches en fonction de leurs profils.

Les résultats obtenus avec les outils permettent une hiérarchisation des sites et leur qualification / positionnement les uns par rapport aux autres. Un travail d’analyse statistique est alors conduit afin de regrouper les sites possédant des caractéristiques similaires. Pour les friches de TDM, 6 profils de reconversion ont été définis :

  • Reconversion ouverte : tout type de projet peut être envisagé, y compris habitat, équipements ou création d’espaces naturels ;
  • Reconversion complexe et coûteuse à la fois techniquement et au regard de la division des parcelles ;
  • Reconversion peu technique mais coûteuse : pas de frein réglementaire ou environnemental, le bâti en dur existant est mobilisable en l’état mais opération coûteuse à cause de la morphologie du terrain (en pente, non viabilisé) et dépollution à prévoir ;
  • Reconversion économique très favorable : peut accueillir aisément tout type d’activité économique (terrain plat, bâti en dur peu dégradé mobilisable sans travaux important, pas de bâti léger type hangar de tôles, sans contrainte réglementaire ni interdiction dûes à des servitudes telles que réseau de gaz ou pylône électrique, …) ;
  • Reconversion économique favorable : peut accueillir tout type d’activité économique mais contraint par des règlements, présence de servitudes et de bâti léger difficile à convertir ;

Reconversion économique stratégique : susceptible de répondre le mieux aux besoins des entreprises d’un point de vue à la fois économique et technique, apporterait une image attractive au territoire et une visibilité aux entreprises.

Sur ce même gisement, 5 profils de contribution aux transitions énergétique et  écologique ont été définis :

  • Contribution optimisée pour le développement agro-environnemental : peut favorablement accueillir des éco-activités produisant des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources, telles qu’une exploitation agricole en permaculture ou un projet de renaturation (des abords d’un cours d’eau, …) ;
  • Contribution optimisée pour le développement économique et les énergies renouvelables : en plus d’être favorable à l’activité économique, le site en friche est apte à accueillir des installations de production d’énergie (parc solaire, méthaniseur, …) ;
  • Contribution optimisée pour le développement urbain ou économique : peut participer par exemple à la lutte contre les îlots de chaleur, à préserver la biodiversité, ou encore à une bonne gestion de l’eau. Ce peut être des éco-quartiers  ;
  • Contribution moyenne à faible aux transitions : des travaux importants seraient à mener pour rendre ce gisement favorable aux transitions énergétique et écologique.

Résultats issus de l’analyse à l’aide des outils Mutabilité et TransiFriches, appliqués au, territoire Thiers Dore et Montagne, illustration : AUCM

Il est ainsi apparu que la majorité des friches (21) peuvent muter favorablement pour de l’activité économique, tout en contribuant aux transitions énergétique et écologique pour 10 de ces sites, et de manière seulement modérée pour 6 d’entre eux.

Bâtir une stratégie territoriale reviendra donc à chercher un équilibre entre dynamique économique, utilisation de l’existant et contribution aux transitions énergétique et écologique. Autrement dit, une stratégie qui fait un pas vers l’objectif de Zéro Artificialisation Nette à atteindre d’ici 2050.

LIMITES URBAINES STRICTES CONTRE ÉTALEMENT URBAIN ?

La mise en œuvre du Zéro Artificialisation Nette est chiffrée et inscrite dans un calendrier national, régional et local. Des dispositions réglementaires dérogatoires sont désormais inscrites au code de l’urbanisme pour favoriser la mobilisation du foncier artificialisé et du bâti existant. Des dispositions financières, Plan France Relance puis Fonds Vert, sont actives, pour amorcer de nouvelles pratiques urbaines. Se saisir de cette problématique est pour les territoires un défi à relever, une manière de repenser leur développement, mais aussi et surtout, d’appréhender ce qui fait ressources sur les territoires, tout en conduisant une transition écologique. Alors, quelle lecture et quel regard déployer pour s’affranchir des modèles obsolètes extensifs ? Faut-il entrer dans une opposition entre étalement urbain et définition de limites urbaines strictes ? Ou bien s’interroger sur la mise en œuvre d’un écosystème urbain résilient ?

La surélévation des bâtiments : une réponse à la sobriété foncière

Si la surélévation des bâtiments a historiquement fait ses preuves, un récent travail de recherche, mené par l’architecte Géraldine Bouchet-Blancou, met en perspective une approche renouvelée de ce mode de faire “la ville sur la ville” avec les enjeux des trajectoires de neutralité carbone et d’atteinte du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols. Ainsi, l’ouvrage Densifier et rénover à l’échelle urbaine par la surélévation des bâtiments propose une analyse conjuguant enjeux techniques, réglementaires, juridiques et financiers avec le déploiement d’une identification à grande échelle du potentiel foncier des toits. Nous en partageons notre lecture.

LA SURÉLÉVATION DES BÂTIMENTS, LEVIER DE DENSIFICATION HORS SOL

Les grandes métropoles européennes ont connu, au fil des siècles, des vagues de surélévations des bâtiments existants, notamment en raison de l’impossibilité d’étendre la ville au-delà de la barrière physique que constituaient les fortifications. Ainsi, Paris, Barcelone ou Genève ont été densifiées par strates successives pour répondre aux besoins d’accueil de population, besoins souvent anticipés dans la conception du bâti originel. La construction de la ville sur la ville est une technique en fait bien rodée. Cependant, ce type d’opération a été délaissé depuis la moitié du XXe siècle au profit de la construction neuve qui bénéficiait de l’abondance d’espaces libres à coloniser, en lien avec le déploiement de la mobilité individuelle.

Depuis une quinzaine d’années, l’engouement pour la densification verticale renaît progressivement, en réponse à la très forte hausse des valeurs foncières et à la nécessité de maîtriser l’étalement urbain. C’est dans ce contexte que la loi Alur de 2014 avait introduit des mesures « facilitatrices » en supprimant le coefficient d’occupation du sol (COS) et en limitant le droit de véto du propriétaire du dernier étage pour permettre la réalisation d’opérations de surélévation en centre-ville, avec l’ambition d’y introduire plus de mixité sociale.

Si des freins règlementaires persistent, notamment au sein des secteurs patrimoniaux où les Architectes des Bâtiments de France (ABF) restent souvent réticents à ce type de projet au nom de la préservation des perspectives monumentales, la limitation de hauteur encadrée par les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) a tendance à s’assouplir pour ouvrir les voies de la densification. Au niveau local, le PLU de Clermont Ferrand introduit une règle dérogatoire pour permettre le déploiement de la canopée urbaine en cœur de ville. Dans un autre contexte, la ville de Vichy a récemment modifié son PLU et supprimé la règle de hauteur sur le périmètre du site patrimonial remarquable, afin de permettre une analyse plus circonstanciée du contexte urbain, une conception au cas par cas prenant appui sur un dialogue rapproché entre la ville, l’ABF et l’opérateur.

LA SURÉLÉVATION, LEVIER DE FINANCEMENT DE LA RÉNOVATION DU BÂTI EXISTANT ?

Si le principal moteur des projets de surélévation reste l’économie de charge foncière, le montage financier permet également de conjuguer rénovation du bâti et construction neuve par ajout d’étages, l’un (valorisation du foncier déjà maîtrisé) venant financer l’autre (remise aux normes et amélioration des surfaces existantes). Ce dispositif gagnant-gagnant est d’ailleurs investi par les bailleurs sociaux tel Habitat Social Français qui a réalisé, sur Paris, la moitié de sa production des cinq dernières années par surélévation (11 opérations pour un total de 187 logements produits), adossant la réhabilitation des logements existants à une part significative de projets de surélévation. Le parc d’habitat social des années 70-80 se prête bien aux opérations de surélévation dans la mesure où les structures porteuses sont suffisamment robustes (béton armé, toits terrasses) et les gains énergétiques à réaliser sur l’existant, substantiels (isolation par l’extérieur, réduction des ponts thermiques).

D’un point de vue technique, l’utilisation de matériaux « secs » tels le bois ou l’acier, permet d’une part de réduire les charges supplémentaires sur l’édifice existant, mais également d’alléger le bilan environnemental de l’opération en agissant sur la performance thermique du bâti, en réduisant les phénomènes d’îlots de chaleur (toits végétalisés, revêtements clairs basés sur le principe d’albédo limitant l’absorption de chaleur, surplombs de protection solaire…), voire en stockant du carbone (cas des bardages bois non traités et des surfaces végétalisées).

Toutefois, l’équilibre financier reste fragile et très dépendant des prix du marché foncier. En effet, le montage de ce type d’opération nécessite un grand nombre d’intervenants (étude de structure et de sol, frais de géomètre et de notaire dans le cas des copropriétés, assistant à maîtrise d’ouvrage, coût de la construction neuve et d’accès aux nouveaux niveaux créés, rénovation et liaison neuf/existant) générant de fait des surcoûts.

VERS UNE STRATÉGIE D’IDENTIFICATION DU FONCIER AÉRIEN ?

Au regard des lois limitant l’artificialisation et des enjeux fonciers qui en découlent, des systèmes d’information géographique permettant d’identifier de manière automatisée les gisements fonciers aériens sont développés. Croisant les données réglementaires, contextuelles (hauteur des mitoyens), d’année du bâti existant et d’étiquette énergétique ainsi que l’accessibilité pour la mise en œuvre du chantier, ces systèmes permettent d’identifier les gisements potentiels avant d’entrer en phase d’étude de faisabilité technique.

Les territoires sous forte pression foncière s’emparent donc du levier de mobilisation du foncier aérien pour répondre aux besoins de production de logements dans un contexte de raréfaction du foncier au sol. Quid de l’Auvergne dans cette course aux mètres carrés ?

Les études de gisement foncier à l’œuvre sur le territoire depuis une dizaine d’années sont orientées sur la reconversion des friches industrielles qui présentent bien souvent des qualités structurelles intéressantes pour des opérations de surélévation. C’est le cas de la friche des Docks de Blois à Vichy, ancien site ferroviaire qui a été reconverti en 2018 en résidence intergénérationnelle et institut de formation par l’ajout d’un niveau sur la structure existante. A Clermont-Ferrand, la reconversion d’une partie d’une friche Michelin est entrée en phase de chantier mi 2022. Le site de Cataroux ouvre sa reconversion par l’ILO23 en réinvestissant le patrimoine industriel, formant ainsi un socle d’accueil du programme neuf développé en surélévation.

La surélévation est donc déjà une réalité locale. De là à lancer un recensement précis des secteurs urbains denses, il n’y a qu’un pas que le ZAN devrait accélérer. Si les secteurs denses des centralités urbaines sont à la recherche de mètres carrés supplémentaires pour équilibrer financièrement des opérations, les collectivités auraient également intérêt à investiguer le parc public, voire les zones d’activités économiques, afin de mesurer les marges de progrès envisageables pour une gestion optimale des surfaces déjà construites.

Finalement, si la dynamique de surélévation des bâtiments progresse sur le territoire national, elle reste encore marginale. Outre les freins techniques et réglementaires, la structuration de la filière Bâtiment pose également des limites : elle est essentiellement formée à la construction neuve et à l’usage du béton et accueille parallèlement un réseau d’artisans orientés vers la rénovation mais souvent relevant de petites entreprises plus que de grands groupes. La multiplication des intervenants pour mener à bien ce type d’opération (ceux spécialisés dans la rénovation, ceux dans les constructions à ossature bois, ceux dans la mise en œuvre de chantiers en hauteur, le thermicien, etc) entraînent une complexité dans la conduite du chantier et des surcoûts impactant les bilans d’opération.

Il reste d’usage de considérer que construire du neuf est moins coûteux et plus rentable que de faire avec l’existant, alors même que cela consomme plus de ressources et plus d’énergies. L’organisation actuelle très segmentée (industrie v/s artisanat) ne permet pas d’articuler facilement neuf et existant. Pour autant, les trajectoires à atteindre tant en matière de sobriété foncière que de neutralité des émissions de carbone nécessitent une approche plus frugale de la construction : faire avec le déjà là, s’adapter, revoir ses besoins et intervenir avec humilité.

DENSIFIER PAR SURÉLÉVATION, UNE STRATÉGIE RÉSERVÉE AUX CENTRES-VILLES ?

Si la densification des centres-villes semble avoir encore de beaux jours devant elle, les effets du dérèglement climatique et la recherche de la neutralité carbone questionnent la tendance au “tout métropolitain”. La ville dense reste difficilement sobre : les flux qu’elle génère (de personnes, matières, déchets), les infrastructures dont elle a besoin pour fonctionner, ont tendance à l’éloigner de cet objectif. Par ailleurs, l’engouement pour la maison individuelle de plain-pied semble ne pas faiblir depuis les années 50-60, les tissus pavillonnaires s’étalent et se densifient sous l’effet de la pression foncière. Cette dynamique trouve ses limites face aux enjeux climatiques et écologiques : imperméabilité des sols, morcellement de la propriété foncière qui rend difficile la définition de trame de mobilités douces, élévation du niveau de risque en zone inondable, etc.

L’objectif de Zéro Artificialisation Nette s’appliquant aussi aux espaces péri-urbains, celui-ci pourrait bien constituer un rôle de limitation similaire aux fortifications historiques, qui relancerait alors la construction de la ville par strates. Ainsi la surélévation des pavillons pourrait constituer une réponse à la densification de ces espaces hors centre-ville et ramener de la vie dans les cités périphériques.

Rencontre – La photographie au chevet des territoires en transition écologique

L’Agence d’urbanisme Clermont Métropole, en partenariat avec l’ESACM et Clermont-Ferrand Massif Central, candidature capitale européenne de la culture 2028, vous invite a une rencontre :

LA PHOTOGRAPHIE AU CHEVET DES TERRITOIRES EN TRANSITION ÉCOLOGIQUE

MARDI 14 MARS 2023 – DE 9H À 17H
À L’ÉCOLE SUPÉRIEURE D’ART DE CLERMONT MÉTROPOLE (ESACM)
25 RUE KESSLER, 63000 CLERMONT-FERRAND

“Mission photographique Grand Est” – Rethel, Ardennes, août 2019. Zone d’activité commerciale, supermarché low cost et culture en openfield de blé, orge et betteraves sur le plus grand parc éolien terrestre de France. © Bertrand Stofelth

“Mission photographique Grand Est” – Rethel, Ardennes, août 2019. Zone d’activité commerciale, supermarché low cost et culture en openfield de blé, orge et betteraves sur le plus grand parc éolien terrestre de France. © Bertrand Stofelth

Relever le défi anthropocène et engager la réorientation écologique de nos espaces de vie ne relève pas que de la science, de la technique, du politique ou du social. Les processus de transition à engager obligent de fait à réinventer notre manière de cohabiter sur la planète, donc ni plus ni moins, à « refaire territoire ».

Les acteurs et institutions culturelles ont de ce point de vue un rôle à jouer, en nous donnant à voir et à imaginer, en nous interrogeant et en nous émouvant, en proposant rencontres et partages, en continuant à enchanter ce Nouveau Monde en dessein.

Une hypothèse que nous explorerons à travers le cas des pratiques et dispositifs photographiques, en compagnie d’acteurs de la photographie et des territoires.

PROGRAMME

9h00-9h30
La place de la culture dans la transition écologique des territoires

Échange avec Grégory Bernard, adjoint au maire de Clermont-Ferrand en charge de l’urbanisme et de l’habitat, conseiller métropolitain, Président de l’Agence d’urbanisme et de Développement Clermont Métropole.

9h30-12h30
Des pratiques photographiques à l’épreuve de l’anthropocène

Avec :

  • Emmanuelle Blanc, artiste visuelle
  • Serge Lhermitte, plasticien et enseignant à Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole
  • Jürgen Nefzger, photographe et enseignant à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence
  • Bertrand Stofleth, artiste et photographe

14h00-17h00
Des dispositifs photographiques pour œuvrer à la réorientation écologique des territoires

Avec :

  • Raphaële Bertho, Maîtresse de conférences en Arts à l’Université de Tours
  • Stéphane Cordobes – Directeur de l’Agence d’Urbanisme et de Développement Clermont Métropole et photographe
  • François-Nicolas L’Hardy – Directeur de l’Hôtel Fonfreyde – centre photographique, coordinateur des résidences photographiques, Ville de Clermont-Ferrand
  • Florent Perroud – Architecte-urbaniste et photographe au CAUE Rhône Métropole, responsable de l’Observatoire photographique des paysages de la Vallée de la chimie

Introduction, animation et conclusion

  • Benoît Bouscarel, Président de L’Onde porteuse
  • Rosalie Lakatos, Chargée d’études urbanisme culturel à AUDCM

Objectif sobriété foncière : Un guide pour mobiliser le logement vacant

Actuellement, nombre de centralités perdent des habitants, des commerces et des services. Des biens immobiliers sont à l’abandon pour causes de problèmes de succession, coût des travaux, frilosité à la location… alors qu’ils pourraient être mobilisés pour répondre à une demande en logement toujours plus importante. Dans ce contexte, et parce que l’essentiel du parc de logements demeure privé, une réflexion pour remettre sur le marché les logements vacants est apparue incontournable pour les territoires, d’autant plus que l’objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols est désormais fixé.

 LA NÉCESSITÉ D’UN ÉTAT DES LIEUX

L’état des lieux de la vacance du parc d’habitat privé dans le Puy-de-Dôme (1), réalisé en 2021, avait mis en évidence une problématique marquée sur le territoire départemental, en particulier dans les centres-villes et centres bourgs, avec une vacance de longue durée particulièrement importante : 40% des logements vacants s’avèrent inoccupés depuis plus de 5 ans.

Parce que la vacance est tout sauf une problématique simple à appréhender, parce que les enjeux sont nombreux et importants, et parce que les collectivités n’ont pas toujours l’ingénierie suffisante pour prendre à bras le corps ce sujet, le département du Puy-de-Dôme a souhaité soutenir les intercommunalités dans la mobilisation de la vacance en les aidant à repérer et lutter contre le phénomène.

Le gisement de logements vacants constitue une réelle opportunité en matière de développement et de diversification de l’offre résidentielle, de redynamisation des centres-villes, mais aussi de lutte contre l’artificialisation des sols, qui est essentielle pour répondre aux enjeux climatiques et écologiques. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de l’objectif Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN) d’ici 2050, la mobilisation du bâti existant, à l’inverse de la construction neuve, constitue un levier majeur de sobriété foncière.

UN GUIDE MÉTHODOLOGIQUE POUR LE REPÉRAGE ET LA MOBILISATION DU LOGEMENT VACANT

Afin d’outiller les territoires et les guider vers l’opérationnel, l’agence d’urbanisme a accompagné le département du Puy-de-Dôme dans l’élaboration d’un guide méthodologique à destination des EPCI (2). Ce guide, disponible en lecture et téléchargement (3), a pour objectif d’aider les acteurs locaux, élus et techniciens, à bien identifier les situations de vacance rencontrées ainsi que les outils pouvant être mobilisés pour lutter contre la vacance de longue durée. L’enjeu est que chaque territoire puisse agir et que la lutte contre la vacance devienne un pilier des politiques locales d’urbanisme et d’habitat.

Mesurer concrètement la vacance, c’est-à-dire le nombre de logements réellement concernés et leur localisation, identifier ses causes, établir une stratégie d’intervention, et choisir les outils les plus pertinents pour remobiliser ces biens : voici les ambitions de cette “boîte à outils” que nous avons développée et que nous mettons à disposition.

> Mesurer concrètement la vacance

Les bases de données permettant d’identifier les logements vacants sont multiples et recouvrent différentes définitions de la vacance, si bien qu’aucune n’est parfaitement fiable et satisfaisante. L’enjeu était donc d’abord d’aider les territoires à localiser et quantifier la vacance au plus près de la réalité.

Le guide méthodologique détaille ainsi les bases de données à mobiliser, les indicateurs à analyser, et les outils et méthodes utiles pour mener une vérification terrain. Une grille de vérification a été élaborée, donnant à voir les éléments à observer sur le terrain pour confirmer ou pas la vacance du logement. Testée sur deux EPCI afin de vérifier son opérationnalité (4), elle confirme  que les sources statistiques sur-évaluent la vacance d’environ 30% par rapport à la réalité (5).

> Elaborer une stratégie d’intervention

Une fois le repérage territorial établi, l’enjeu est d’inscrire la lutte contre la vacance des logements dans la stratégie globale de la collectivité en matière d’urbanisme et d’habitat. Le guide aborde ici les questions à se poser notamment par rapport aux dispositifs locaux existants et aux enjeux en matière d’aménagement, d’amélioration de l’habitat, de mixité sociale. Il identifie les acteurs à associer et leur champ d’intervention. Enfin, il propose des modalités pour mobiliser les propriétaires des biens pour déterminer les causes de la vacance.

> Mobiliser les outils adaptés

A visée davantage opérationnelle, la deuxième partie du guide synthétise 23 outils et dispositifs nationaux ou locaux qui apparaissent particulièrement intéressants pour la mobilisation du logement vacant. S’entend par mobilisation toute action permettant de redonner une fonction à des locaux délaissés : remise en vente ou en location des logements, rénovations et réhabilitations, reconfiguration du bâti, changement d’usage, démolition, etc. Une multitude d’outils existent, mais ils ne sont pas forcément bien connus et identifiés. Des “fiches-actions” sont proposées suivant  5 catégories :

  • le déblocage des situations, comme la procédure de bien sans maître ou la sortie d’indivision ;
  • les actions foncières, par exemple la procédure d’expropriation ;
  • les mesures pour l’amélioration de l’habitat comme le bail à réhabilitation ;
  • les mesures fiscales, comme les aides pour investir dans l’ancien par exemple ;
  • les incitations locales telle que l’aide à la sortie de vacance du Conseil départemental du Puy-de-Dôme.

Chaque fiche donne une description de l’outil ou du dispositif, ses modalités de mise en œuvre, les avantages et inconvénients, les acteurs impliqués et des références bibliographiques (textes législatifs, sites web…).

> S’inspirer d’autres territoires

Pour terminer, le guide méthodologique donne à voir quelques exemples inspirants de territoires qui ont mis en œuvre des politiques de lutte contre la vacance. L’objectif est de donner à voir les outils et dispositifs déployés ailleurs et d’en mettre en évidence les atouts, les limites et les perspectives.

Au fil du guide sont également présentées des exemples d’actions réalisées dans le Puy-de-Dôme, l’Allier ou ailleurs en France, permettant d’illustrer toutes les étapes du processus de reconquête des logements vacants.

LE DÉPLOIEMENT DE NOUVELLES AIDES POUR MOBILISER LE LOGEMENT VACANT

La réflexion menée sur la vacance, à travers l’état des lieux, l’élaboration du guide méthodologique et le dialogue-expérimentation avec les territoires, a permis au Département du Puy-de-Dôme d’affiner sa politique en matière de lutte contre la vacance.

De nouvelles aides ont ainsi été déployées, à destination des collectivités comme des particuliers, afin de faciliter la sortie de vacance. Ces dispositifs prennent la forme d’aide à l’animation pré-opérationnelle, de travaux préparatoires sur les îlots dégradés, ou de financement de travaux. Elles viennent enrichir les aides du Département en faveur de la lutte contre la vacance et sont détaillées dans le guide méthodologique.

Dans la perspective de la mise en œuvre de la sobriété foncière, l’Agence d’urbanisme accompagne et continuera d’accompagner ses adhérents dans l’identification du foncier urbain mutable et l’élaboration de stratégies de mobilisation. A titre d’exemples, une étude sur les logements vacants  est en cours et une étude sur l’identification de gisements fonciers est en projet sur le territoire de Vichy Communauté.

Quelle intégration des activités productives dans les agglomérations urbaines?

« Si réindustrialiser la France est aujourd’hui un objectif consensuel, des interrogations subsistent sur les modalités de l’implantation spatiale des activités industrielles. Le retour de l’industrie soulève des questions de disponibilité du foncier, d’acceptabilité sociale des projets, d’insertion dans le milieu urbain ou de compatibilité avec une bonne qualité de vie. » C’est en ces termes qu’une journée d’étude, organisée le 7 novembre 2022 par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) et l’Observatoire des Territoires d’Industrie (OTI), a invité collectivités territoriales, entreprises et industriels, professionnels de l’urbanisme et de l’aménagement à réfléchir sur l’intégration des activités productives dans les villes et territoires, ainsi qu’aux leviers d’actions mobilisables.  Nous rapportons ici une analyse de la table-ronde “la ville productive, rêve ou (future) réalité ?” [1]

UN LARGE PANEL DE BESOINS FONCIERS ET IMMOBILIERS

Les activités productives recouvrent une diversité importante d’activités et de secteurs dont : fabrication, réparation, logistique, commerce de gros, artisanat et bâtiment.… Ces activités présentent des besoins distincts en termes de locaux d’activités, allant de petites cellules à de grands entrepôts, des stratégies foncières et immobilières hétérogènes, s’implantent sur des sites variés allant des cœurs urbains aux zones d’activités périphériques, voire en sites isolés. La définition des activités productives varie également d’un territoire et d’un acteur à l’autre. Plusieurs entrées sont possibles pour penser la localisation et l’intégration des activités productives dans les tissus urbains : par la définition d’une nomenclature d’activités, par le foncier ou l’immobilier, par les outils de production ou encore par les chaînes de valeur, dont la complexité rend toute appréhension particulièrement malaisée.

DES ACTIVITÉS PRODUCTIVES À L’ÉPREUVE DE LA PRESSION FONCIÈRE

On ne rêve donc pas à n’importe quelle activité productive dans n’importe quelle ville. Plusieurs modèles émergent : celui de l’économie circulaire, de la ville des makers, de l’industrie 4.0, de l’économie des proximités ou encore de la production distribuée au travers de petites unités de production géographiquement disséminées. Souvent excentrées du fait de nuisances difficilement compatibles avec les usages résidentiels, les activités productives peinent à trouver leur place dans le tissu urbain. Contrairement aux activités logistiques dont les flux de marchandises sont difficilement conciliables avec la compacité urbaine, les activités de réparation ou de maintenance ont besoin de cette implantation dans la ville dense pour être à proximité de la clientèle. De même, les entreprises de l’économie sociale et solidaire ou de l’économie circulaire sont souvent pensées en centre urbain, mais elles génèrent des flux importants et peuvent nécessiter un foncier conséquent. La pression foncière les empêche ainsi de s’implanter ou de se maintenir dans le tissu urbain.

DES DISPOSITIFS D’ACTIONS QUI SE CHERCHENT ENCORE

Les activités productives sont soumises à une double dynamique : leur éviction aux marges des agglomérations finalement rattrapées par l’urbanisation, et la raréfaction du foncier qui permettrait le développement de leurs projets. Face à ce constat, le sujet du maintien voire de la réintroduction des activités productives en ville prend de l’ampleur dans la construction des politiques publiques. La prise en compte des dynamiques de localisation des entreprises s’est encore accélérée depuis l’annonce de l’objectif de zéro artificialisation nette. Ce dernier ne se concrétise néanmoins pas encore par le déploiement de stratégies publiques structurées et mutualisées qu’il nécessite, mais par une pluralité d’initiatives locales juxtaposées. Les zones d’activités économiques concentrent l’attention des acteurs publics comme privés : achat du foncier dans une logique opportuniste, exploration des potentiels d’optimisation spatiale, opérations de densification qui restent encore rares et « bricolées », comme l’exemple du conditionnement de la vente d’une nouvelle parcelle à davantage de densité sur le nouveau site pour une entreprise du territoire.

PAS D’ACTIVITÉS PRODUCTIVES SANS VOLONTÉ POLITIQUE !
DES EXEMPLES VENUS D’AILLEURS

La métropole lyonnaise cherche à atteindre cette réalité via des activités productives visibles dans l’espace urbain, par le déploiement d’ateliers et de micro-usines en rez-de-chaussée. Elle affiche également une volonté politique affirmée d’adopter des stratégies de maintien des activités productives[2], et de renouveler le tissu pour faire face aux enjeux de transition écologique et énergétique[3]. Pour autant, elle se confronte au moins à quatre obstacles :

  • – la (non) disponibilité du foncier et son coût ;
  • – la forte concurrence entre les activités productives et le logement ou le tertiaire ;
  • – la cohérence des politiques urbaines, comme par exemple le fait de penser la place dévolue à la circulation des marchandises au sein des villes lorsqu’une stratégie de mobilité douce est déployée ;
  • – les écueils de la mixité quand les activités productives ne sont ni désirées par les habitants, ni prêtes à faire l’effort de s’ouvrir sur la ville.

Autre métropole, autre matérialité. Bruxelles s’est avancée dans la concrétisation de la ville productive fonctionnelle avec citydev.brussels, ancienne Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale, pour traiter la question de l’insertion des activités productives à l’échelle du projet urbain et à l’échelle immobilière.[4]

La « ville productive » doit dépasser l’ambivalence du seul accueil d’activités productives propres et peu consommatrices de foncier. Elle nécessite une forte coordination des politiques publiques pour trouver son modèle. Les échelles de temps entre la ville productive et la ville résidentielle ne sont pas les mêmes et les nuisances de l’industrie, si elles peuvent être réduites et contrôlées, ne peuvent s’affranchir d’un processus de transformation de matières et des flux qu’il implique. 

(RÉ)INDUSTRIALISER LES VILLES ET LES TERRITOIRES, QUELLES LEÇONS ?

L’industrie peine encore à trouver sa place dans le tissu urbain, ou tout simplement à se faire désirer dans nos territoires de proximité. La rivalité d’usages entre mobilité urbaine et flux logistiques reste encore largement impensée. L’avènement de l’industrie 4.0 ouvre des perspectives pour une industrie plus urbaine. Elle s’inscrit néanmoins dans deux continuums[5] :

  • – celui des grandes métropoles aux territoires les moins denses en passant par différentes palettes de villes moyennes,
  • – celui des start-ups et des bureaux tertiaires aux grandes industries en passant par une multitude de formes intermédiaires.

Les gros sites industriels resteront tendanciellement loin des villes et les start-ups plutôt dans les métropoles. Les logiques sont en revanche amenées à se diversifier à la croisée de ces deux continuums.

Au-delà des aspirations parfois candides à une souveraineté économique territoriale mise à mal par les chaînes d’approvisionnement, la question de la place de l’industrie pose celle de son inscription territoriale. Le projet industriel s’appuie en partie sur des ressources locales, telles que les ressources humaines, parfois la matière première ou encore les infrastructures existantes. Mais il peut lui-même entrer dans une logique d’économie circulaire en devenant ressource locale. Le projet industriel ne peut néanmoins s’extraire d’un écosystème commercial et économique dépassant largement le périmètre intercommunal. Penser l’industrialisation demande de penser des écosystèmes et une structuration des interdépendances, soit le renouvellement des coopérations et des solidarités territoriales.

La ‘Récré-Action’ a commencé : Première rencontre des élus et des techniciens de la métropole clermontoise pour débattre de l’urgence écologique et sociale

LE LANCEMENT D’UN CYCLE SUR L’URBANISME MÉTROPOLITAIN FACE À L’URGENCE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE

Réunir élus et techniciens du territoire métropolitain autour du sujet de l’urgence écologique et sociale constitue en soi une première étape indispensable à une entrée en dialogue sereine des acteurs du territoire, qui doivent relever ensemble les grands enjeux et défis de la ville durable. C’est aussi un révélateur d’une prise de conscience collective que nous sommes bien face à une crise climatique systémique et qu’il est possible et nécessaire d’agir dès à présent. Le mot d’accueil de Monsieur Grégory Bernard, Conseiller métropolitain délégué au PLUi et aux Opérations d’aménagement d’intérêt métropolitain et Président de l’Agence d’Urbanisme, va en ce sens.

A l’heure où la partie règlementaire du futur Plan Local d’Urbanisme (PLU) Intercommunal de la métropole clermontoise est en cours d’écriture, il s’agit bien de permettre la rencontre des élus municipaux et des équipes qui les accompagnent, hors des lieux habituels de débats politiques et techniques. En s’extrayant des scènes institutionnelles dans lesquelles le dialogue autour des droits à construire se délite parfois, il devient possible d’affronter ensemble la réalité et la complexité du contexte actuel.

Ainsi que le rappelle Stéphane Cordobes, directeur général de l’Agence d’urbanisme invité à titre d’expert, traiter l’urgence écologique et sociale consiste en premier lieu à avoir en tête et à admettre qu’une nouvelle ère géologique, l’anthropocène, est déjà en place du fait seul de l’action humaine. En second lieu que nous, humains, sommes démunis face à l’ampleur des changements provoqués et aux difficultés d’adaptations que ceux-ci imposent et ce, surtout si nous souhaitons réduire les inégalités sociales qu’ils risquent de creuser.

PRENDRE NOTRE ÉLAN FACE À L’URGENCE D’AGIR

L’un des dangers posés par la mise en contexte esquissée par Stéphane Cordobes consisterait à souffrir de sidération face à ces enjeux écologiques et sociaux considérés comme inextricables. Dans la sidération, aucune entreprise n’est possible alors même qu’il est indispensable de revaloriser les moindres actions favorables à la réduction des impacts des activités humaines sur nos climats.

C’est donc à l’action, voire à la [re]création que ce cycle invite. C’est pourquoi le premier retour d’expérience, présenté par Olga Braoudakis, chargée d’études à l’Agence d’urbanisme de Grenoble Alpes Métropole, a permis d’explorer comment des orientations d’aménagement et de programmation (OAP) thématiques peuvent aborder les enjeux écologiques et sociaux en lisant le territoire de manière cohérente et en créant du lien dans les différentes réponses apportées. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, l’attention de chaque personne en charge de l’exécution du PLU métropolitain, l’exigence continue envers les différents porteurs de projets, la formation et la sensibilisation des agents sont des clés de succès.

DES ÉLUS ET TECHNICIENS STIMULÉS ET SEREINS

Pour conclure cette première rencontre, l’Agence d’urbanisme a animé un court atelier permettant de confronter les participants à quatre affirmations destinées à provoquer des réactions spontanées. De la nécessité d’un changement radical rapide, à la préservation des ressources finies en passant par la reconnaissance de notre addiction à l’automobile et à l’hypothèse d’un abandon du modèle de l’habitat pavillonnaire, les participants se sont prêtés au jeu d’exprimer leurs ressentis par rapport à ces différents sujets. L’Agence a rencontré un groupe adoptant des postures plutôt joyeuses, stimulées et sereines même si des inquiétudes et quelques coups de colères ont également été déposés. Reste à définir ensemble comment effectuer ces changements, à quels rythmes, par quels moyens et avec quelles personnes impliquées. Ce sera l’objet des prochaines séances qui porteront sur les héritages à gérer, les transitions à engager et les équilibres à trouver.

La sobriété foncière : une nouvelle perspective qui interroge nos manières de comprendre, observer et agir dans les territoires

Depuis les années 80, les espaces artificialisés ont cru de plus de 70% en France métropolitaine. Cette artificialisation a altéré de manière significative la qualité écologique des sols, des puits capteurs de carbone et des refuges de biodiversité. Les enjeux liés à la sobriété foncière, à la maîtrise de l’étalement urbain, au recyclage du foncier déjà artificialisé et au renouvellement urbain sont pris en compte dans la législation. La dernière en date : la loi Climat et Résilience instaurant le Zéro Artificialisation Nette (ZAN).

L’objectif ZAN bouscule, interroge les collectivités et les acteurs de l’aménagement. Le webinaire sur la sobriété foncière du 8 décembre 2022 a permis de décrypter la loi, d’échanger sur sa mise en œuvre, mais aussi de présenter les dispositifs d’accompagnement d’ores et déjà mis en œuvre par l’agence d’urbanisme, notamment sur la mobilisation des friches et des logements vacants.

LE ZAN : UN CHANGEMENT DE PERSPECTIVE QUI NOUS OBLIGE À PENSER DE NOUVEAUX MODÈLES SPATIAUX POUR LE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

Le ZAN marque une évolution, de la notion « traditionnelle » de consommation d’espace vers celle d’artificialisation. Comme le montre l’illustration ci-dessous, le défi est de passer d’un indicateur de consommation d’espace (2D = Surface) à un concept qualitatif (3D = Surface et Sous-sol) de limitation de l’artificialisation des sols, afin de prioriser la préservation durable de leurs fonctions écologiques.

C’est un changement de perspective majeur : les sols et sous-sols ne sont plus des supports de développement mais un commun à préserver. Les espaces naturels et agricoles ont souvent été appréhendés en creux, comme espaces d’expansion du développement urbain. Aujourd’hui ils doivent être considérés comme des communs (alimentation, biodiversité) et une stratégie de protection/préservation doit être mise en œuvre.

La sobriété foncière impose d’optimiser l’usage du foncier existant. Mais n’est-ce pas contradictoire avec les besoins de nature en ville ? Cette mise en concurrence des usages, nous amène à réfléchir à de nouvelles manières de faire la ville, à penser autrement les modèles d’aménagement et de développement. Nous avons moins besoin d’inventer de nouveaux outils et dispositifs que d’aller vers une approche plus qualitative, en travaillant par exemple de nouvelles formes de densification de la ville qui donnent place à l’écologie.

UNE LOI QUI FIXE UN OBJECTIF, MAIS RESTE ENCORE EN DISCUSSION SUR LES MODALITÉS POUR L’ATTEINDRE

Inscrit en 2021 dans la loi Climat et Résilience, l’objectif ZAN est toujours en débat, notamment concernant la façon de catégoriser surfaces artificialisées et non artificialisées. Le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires a sollicité les agences d’urbanisme pour évaluer et tester les modalités techniques de la mesure des espaces naturels agricoles et forestiers (Enaf) et de l’artificialisation, ainsi que les outils d’observation et données mobilisables.

Karine Hurel, Déléguée Générale Adjointe de la FNAU (1), rapporte les préconisations essentielles de ce travail (2):

  • Une vigilance sur la classification des surfaces enherbées. Actuellement, si ces surfaces sont dans le tissu urbain  (fonds de jardins, parcs urbains, etc), elles se trouvent classées en surfaces artificialisées, autrement dit potentiellement constructibles. Cette classification favoriserait la densification en milieu urbain mais semble éloigner la loi de son objectif de protection des sols de pleine terre. Le décret relatif à ces concepts va être adapté pour devenir plus lisible et plus opérationnel.
  • L’articulation et l’interopérabilité des outils d’observation. Des dispositifs d’observation ont été développés à l’échelle locale et sont parfois plus fins que les observatoires nationaux. Il faut continuer à se doter d’outils dans les territoires tout en garantissant l’ouverture et la transparence des données et méthodes utilisées, avec un référentiel national homogène.
  • La montée en compétences dans les territoires va nécessiter une ingénierie pérenne, partenariale et mutualisée, nécessitant des fonds dédiés. L’observation va être aussi essentielle que l’accompagnement à l’élaboration de la stratégie de planification écologique territoriale.

DES OUTILS ESSENTIELS POUR UNE TRAJECTOIRE DE SOBRIÉTÉ FONCIÈRE

Il apparaît indispensable de disposer d’outils d’observation robustes pour permettre à chaque territoire de construire sa stratégie de sobriété foncière et de mesurer les évolutions de sa trajectoire à horizon 2050. Au niveau national, le portail de l’artificialisation diffuse des indicateurs globaux de consommation foncière. Il sera remplacé, d’ici 2024, par l’Occupation du Sol à Grande Echelle (OCS-GE). Produit par l’IGN, ce nouveau référentiel permettra le suivi, à terme, de l’artificialisation.

Au niveau local, les observatoires de l’occupation des sols suivent les consommations d’espace, tel que demandé par la loi, jusqu’à 2031. Ils qualifient aussi l’occupation du sol (espaces agricoles, forestiers, d’activités, etc.) et permettent de visualiser les changements dans le temps et dans l’espace. Malheureusement ces outils ne couvrent pas l’intégralité du territoire ni, pour le moment, les besoins à 2050. Les 4 agences d’urbanisme d’Auvergne Rhône-Alpes couvrent ainsi un quart du territoire régional. Des réflexions et travaux sont en cours pour rendre cet outil au moins en partie compatible avec l’OCS-GE.

Chaque territoire devra définir sa propre trajectoire, en fonction du contexte local, en s’appuyant sur les outils d’observation et la connaissance de terrain. Les leviers mobilisés seront donc différents : requalification des friches, densification des zones d’attractivité ou pavillonnaires, mobilisation de la vacance, sur-élévation des bâtiments, etc.

UNE INGÉNIERIE AU SERVICE DES TERRITOIRES POUR IMPULSER /EXPÉRIMENTER DES LEVIERS

Nous l’avons vu, mieux (ré)utiliser l’existant constitue un levier majeur de sobriété. Ainsi, l’agence d’urbanisme de Clermont Métropole accompagne les territoires dans le repérage et l’identification de solutions pour la valorisation des lieux inoccupés, qu’il s’agisse de friches ou de logements vacants. Il s’agit de démarches multi-partenariales dont l’enjeu est en premier lieu d’identifier les potentiels et les leviers pour la valorisation de biens ou terrains délaissés, mais aussi l’acquisition et l’incubation de nouveaux savoir-faire dans la fabrique de la ville.

La démarche d’accompagnement peut se résumer en 4 phases : l’inventaire ; l’aide à la définition d’une stratégie territoriale ; la proposition de pistes pré-opérationnelles et d’outils de mise en opération ; et le retour sur expérience.

A titre d’exemple, l’accompagnement du Département du Puy-de-Dôme, pour sa politique de lutte contre la vacance de l’habitat privé, a permis à la fois de partager la connaissance (état des lieux, rencontres d’acteurs), d’outiller et de faire monter en compétence les collectivités territoriales (via l’édition d’un guide méthodologique d’aide au repérage et à la mobilisation du logement vacant (3) ), et de re-questionner les dispositifs d’aide existants. Ainsi, trois nouveaux dispositifs à destination des collectivités ont été actés suite à ce travail, permettant d’apporter de nouveaux leviers à la sortie de vacance.

Concernant les friches, la mise en perspective de l’objectif ZAN a orienté le travail de l’agence d’urbanisme et des territoires de Thiers Dore et Montagne, et de Riom Limagne et Volcans, vers la définition d’une stratégie territoriale de mobilisation des sites inoccupés. Cette réflexion stratégique s’appuie sur deux outils d’aide à la décision : l’outil Mutabilité et l’outil TransiFriche, qui permettent la qualification et la hiérarchisation des sites. Les grands axes stratégiques sont ainsi construits par la mise en lien de ces sites qualifiés avec le projet de territoire. L’accompagnement des territoires se poursuit ensuite par le choix de sites pilotes démonstrateurs. Une première feuille de route est ainsi définie pour mener les actions de recyclage foncier.

L’EPF Auvergne accompagne également les territoires dans le passage de la stratégie à la réalisation opérationnelle. Dans la continuité des études pré-opérationnelles menées à des échelles dites “macro”, l’EPF Auvergne accompagne ses collectivités adhérentes dans la dans la mise en oeuvre des projets, à une échelle fine, à la parcelle. L’acquisition et le portage foncier sont le cœur de métier de l’EPF Auvergne, mais l’accompagnement au questionnement, préalable à l’acquisition, est également essentiel.

A l’articulation entre l’acquisition et le portage foncier, l’EPF Auvergne propose des actions facilitatrices pour la requalification urbaine et  la revitalisation des centres-bourgs. Il s’agit de lever les doutes techniques et financiers avant de se lancer dans l’opérationnel pur.

OUVRIR LE DIALOGUE ET ALLER PLUS LOIN

Le ZAN bouscule nos regards, nos expertises et nos outils.

L’agence d’urbanisme Clermont Métropole, et l’EPF Auvergne associé à ce webinaire, facilitent les transitions. Des approches et des outils existent déjà ou sont développés pour atteindre sereinement l’objectif ZAN. Il s’agit ici de renforcer nos expertises pour anticiper et s’adapter aux contextes climatique et écologique dans lesquels nous vivons désormais.

La loi Climat et Résilience est une invitation à penser autrement et à définir d’autres modèles d’occupation des sols. L’indisponibilité des ressources oblige à en repenser les usages ou l’économie. Il nous faut dépasser les oppositions entre territoires urbains, périurbains et ruraux, pour tendre vers une justice spatiale et sociale. La loi peut même nous inviter à penser plus loin. Elle est focalisée sur l’urbanisation, mais si l’objectif est de restaurer les fonctions du vivant partout, il faudrait aussi traiter la question agricole.

Au-delà de ce webinaire, l’agence d’urbanisme continuera à accompagner ses adhérents et partenaires vers la sobriété foncière. D’ores et déjà des travaux et moments d’échanges sont engagés, dont des actions de sensibilisation des collectivités qui se tiendront au printemps 2023, et plus largement une réflexion sur les besoins et attentes des territoires concernant l’observation du foncier (année 2023).

WEBINAIRE – “Vers la sobriété foncière : Comprendre, Observer, Agir…” 08 Décembre 9h

La gestion économe des sols n’est pas un sujet nouveau. Pourtant, malgré les lois qui se sont succédées, le foncier nu constructible demeure le principal vecteur du développement urbain et de l’aménagement des territoires. La loi Climat et Résilience d’août 2021 constitue un virage dans la manière d’aborder la sobriété foncière, en passant d’une obligation de moyen à une obligation de résultat : « la division par deux du rythme de consommation des sols d’ici 2031 pour atteindre une artificialisation nette de zéro en 2050 ».

Pourquoi est-il impératif de porter plus d’attention à nos sols et aux écosystèmes dans lesquels nous vivons ? Comment adapter et transformer nos modèles d’aménagement pour répondre à nos besoins en logements, équipements, ou bâtis économiques, tout en préservant les espaces agricoles, naturels et forestiers ? Comment la réduction de l’artificialisation des sols peut-elle devenir un facteur essentiel de résilience du territoire, en particulier face au dérèglement climatique ?

Afin d’avoir une connaissance partagée sur les nombreux défis de la sobriété foncière, et d’accompagner au mieux les collectivités comme les opérateurs dans des politiques d’aménagement plus durables, l’agence d’urbanisme et de développement Clermont Métropole et l’établissement public foncier d’Auvergne vous invitent à un moment d’information et d’échanges collectif.

Une co-organisation de l’Agence d’urbanisme et de développement Clermont Métropole et de l’EPF Auvergne

PROGRAMME :

Introduction : La réforme Zéro Artificialisation Nette par Karine Hurel, déléguée générale adjointe de la FNAU

Décryptage de la sobriété foncière et de ses enjeux par Sabine Lozier, coordinatrice du réseau Urba 4 et Fabrice Ravel, Chargé d’études Géomatique Agence d’urbanisme Clermont Métropole

Questions / réponses

La valorisation des lieux inoccupés : méthodologie de repérage et solutions apportées pour la mobilisation des friches et des logements vacants par Karine Enjolras, chargée d’études projets urbains Agence d’urbanisme Clermont Métropole et Aurélie Teil, chargée d’études habitat Agence d’urbanisme Clermont Métropole

De la stratégie à la réalisation opérationnelle : actions pour la requalification urbaine et des centres bourgs par Julien Bonnet, responsable du service observation et stratégie foncière, EPF Auvergne et Caroline Arnoux, responsable ingénierie, EPF Auvergne

Questions / réponses

Conclusion par Stéphane Cordobes, Directeur Agence d’urbanisme Clermont Métropole et Jérémy Mendès, Directeur de l’EPF Auvergne