>> Lire le rapport Diagnostic Jeunesse de RLV <<
1 Deux focus-groups ont été organisés avec des jeunes âgés de 16 à 18 ans pour recueillir leurs perceptions, attentes et besoins au regard des thématiques traitées par RLV Info Jeunes. Ces deux ateliers ont eu lieu les 18 et 25 septembre 2024
2 Une enquête en ligne auprès des partenaires de RLV Info Jeunes (structure d’accompagnement et établissements scolaires) a été réalisée du 9 au 27 septembre 2024.
3 Les ménages dont les revenus sont égaux ou inférieurs au 1er décile de revenus.
4 Les emplois de longue durée sont les emplois sans limite de durée, les CDI, les titulaires de la fonction publique, les indépendants, les employeurs, les aides familiaux.
5 Selon les résultats de l’enquête EMC2 réalisée par le SMTC en 2023 en partenariat avec RLV.
Mieux connaître les jeunes pour bien les accompagner : un diagnostic pour parfaire les politiques locales de Riom Limagne et Volcans
Alors que de profonds bouleversements traversent nos sociétés et rendent l’avenir incertain voire anxiogène, bien accompagner, et donc mieux connaître la jeunesse de son territoire constitue un enjeu pour les collectivités locales. Cette connaissance fine est l’une des clés pour conduire des politiques adaptées à ce public et proposer des structures d’accompagnement pertinentes, qui permettent à la jeunesse de s’inscrire pleinement dans la société. Quel accompagnement, quels services proposer aux plus de 14 000 jeunes de 10 à 29 ans (soit près d’un habitant sur cinq) présents sur le territoire de Riom Limagne et Volcans confrontés à des situations très diverses, en matière de parcours scolaire, d’emploi, de mobilité, de parcours résidentiel, de santé, … ?
Dans le cadre du renouvellement du label Information Jeunesse de « RLV Info Jeunes », Riom Limagne et Volcans (RLV) a confié la réalisation d’un diagnostic de la jeunesse de son territoire à l’Agence d’Urbanisme Clermont Massif central (AUCM).
Ce diagnostic a pour objectif de mieux connaître les jeunes de 11 à 29 ans inclus, public susceptible de fréquenter RLV Info Jeunes. Il aborde, dans la limite des données disponibles, les thématiques sur lesquelles RLV Info Jeunes accompagne les jeunes au quotidien : orientation, formation, emploi, mobilité, logement, santé, sport, citoyenneté…. En complément de l’approche statistique, l’AUCM a animé deux focus groups avec une dizaine de jeunes du territoire [1], afin de compléter l’analyse chiffrée d’éléments qualitatifs liés à leur vécu et à leur perception de leurs difficultés. Enfin, une enquête en ligne auprès des partenaires de RLV Info Jeunes [2] complète utilement la connaissance des accompagnements proposés aux jeunes du territoire. Ces différents points de vue sur les besoins d’accompagnement des jeunes convergent-ils ? Que suggèrent-ils en termes d’action publique ?
La santé mentale, l’accès au premier logement et l’accès à l’emploi, des difficultés bien identifiées par les jeunes et les partenaires
Bien que les jeunes de RLV aient un taux de recours aux soins de proximité supérieur ou équivalent aux moyennes régionales et départementales, les partenaires de RLV et les jeunes eux-mêmes mettent en avant un fort besoin d’accompagnement. Les jeunes rencontrés lors des focus groups estiment manquer d’informations sur la manière de prendre soin de leur santé et sur les aides et les dispositifs financiers dont ils peuvent bénéficier. Ce manque est d’autant plus dommageable que les jeunes rencontrés se disent tous sujet au stress. La fragilité de la santé mentale des jeunes est également bien identifiée par les partenaires enquêtés qui précisent être confrontés à des situations de dépression, d’anxiété, de troubles du comportement alimentaire, en raison de la pression sociale, scolaire et familiale. La santé mentale des jeunes est ainsi un sujet d’inquiétude partagé et tous s’accordent sur la nécessité de mettre en place une politique d’accompagnement psychologique ou psychiatrique pour cette population.
Autre difficulté identifiée par l’ensemble des partenaires et les jeunes eux-mêmes, et confirmée par le diagnostic statistique : l’accès à un logement autonome au sein du parc locatif privé. Alors que ce choix est privilégié par les jeunes de RLV, ceux-ci rencontrent des obstacles à leur décohabitation, obstacles souvent rencontrés par l’ensemble de la population jeune, à cause de leurs faibles ressources financières, de l’absence de garant et de la méfiance des propriétaires-bailleurs vis-à-vis d’un public jugé peu solvable. Sur le territoire de RLV, les ménages de moins de 30 ans disposent en moyenne de 435 €/mois pour se loger (33% de leur revenu [3]) quand le loyer médian est de 497 €/mois hors charges pour un appartement. Les partenaires et les jeunes rencontrés s’accordent également sur la faible connaissance des aides au logement, des modalités d’accès à un logement au sein du parc locatif privé ou sur la manière d’organiser leur recherche. Sur ce dernier point, beaucoup comptent sur le soutien de leur famille pour trouver ce logement. L’absence d’aide familiale pour accéder au logement est d’ailleurs identifiée par les partenaires comme une autre difficulté pour certains jeunes.
Concernant l’accès à l’emploi ou à la formation, selon les données statistiques, les jeunes accèdent progressivement à l’emploi à partir de 20 ans, d’abord en contrat court et au fur et à mesure de leur avancement en âge, à des contrats de plus longue durée [4]. Les jeunes expriment pour leur part des difficultés d’accès au premier emploi, liées notamment à leur méconnaissance des codes de la recherche d’emploi : ils s’estiment peu formés à l’écriture d’un CV, d’une lettre de motivation et peu préparés aux entretiens d’embauche, difficultés que confirment les partenaires de RLV Info Jeunes dans l’enquête.
Des problématiques de mobilité sous-estimées par les partenaires de RLV Infos Jeunes, mais confirmées par les jeunes
51.5% des jeunes de Riom Limagne et Volcans habitent Riom, Châtel-Guyon, Mozac et Volvic, soit relativement proches de leurs lieux d’études, d’emploi et de loisirs. Leurs trajets, bien que plus courts en distance et en temps que les jeunes logés en dehors du cœur urbain, restent relativement longs (respectivement 13,4 km/jour et 44 mn/jour contre 34,2 km/jour et 67 mn/jour) [5]. Pour autant, la voiture – qu’ils en soient le conducteur ou le passager – est le premier mode de déplacement auquel ont recours l’ensemble des jeunes du territoire : 57 % des déplacements des 10-29 ans.
Les jeunes rencontrés en focus group confirment globalement leurs difficultés de mobilité. Ceux qui habitent le cœur urbain s’estiment relativement autonomes, et se déplacent à pied, à vélo ou en transports en commun. Pour eux, les empêchements apparaissent s’ils veulent aller au-delà de ce périmètre de proximité. Les jeunes des communes plus rurales, confrontés à une offre de transport en commun plus faible, sont beaucoup plus contraints dans leurs déplacements. Ils dépendent de leur entourage pour se déplacer, et se retrouvent pénalisés dans l’accès au premier emploi, aux lieux de loisirs ou d’études trop éloignés de leur domicile. Pour ces jeunes, l’obtention du permis de conduire revêt un fort enjeu d’autonomie et de liberté de déplacement.
Alors que les chiffres et les témoignages des jeunes se rejoignent autour de ces difficultés de mobilité quotidienne, les partenaires de RLV Infos Jeunes estiment malgré tout que les jeunes rencontrent peu de difficultés pour effectuer leur trajet domicile-lieu d’études/d’emploi. S’ils reconnaissent la faiblesse de l’offre de transport en commun, le manque de ressources financières pour passer le permis de conduire et l’absence de moyen de locomotion personnel, les structures partenaires de RLV Infos jeunes font le constat que ces difficultés n’empêchent finalement pas les jeunes de se déplacer majoritairement en transport en commun, à pied ou en voiture dont ils sont le conducteur ou le passager.
Des politiques pour la jeunesse nécessairement transversales
La mission conduite par l’AUCM a permis d’objectiver les situations rencontrées par les jeunes et de prendre en compte les points de vue des différents acteurs de l’accompagnement et des jeunes eux-mêmes. Les difficultés rencontrées par cette population (accès au logement, accès à l’emploi, capacité de déplacement, accès aux soins) étant dépendantes les unes des autres, le diagnostic confirme la nécessité de penser les politiques en transversalité, afin de répondre au mieux aux besoins des jeunes. Cette approche devrait renforcer les capacités collectives à agir pour la jeunesse, consolidant ce faisant la robustesse des politiques locales en matière de transition.