1- Lire la note : Les industries culturelles et créatives, levier de redirection écologique pour le Massif central
2- Le périmètre retenu est celui de l’ANCT Commissariat du Massif central.
3- France, Ministère de la Culture, « Capitale européenne de la Culture 2028 » https://www.culture.gouv.fr/Demarches-en-ligne/Par-type-de-demarche/Appels-a-projets-candidatures/Capitale-europeenne-de-la-Culture-2028
Les industries culturelles et créatives, levier de redirection écologique pour le Massif central
Cette note [1] est la première produite par l’Observatoire de l’AUCM nouvelle formule. Elle paraît à l’occasion du salon professionnel LUX dédié à la découverte des Industries Culturelles et Créatives (ICC) qui se tient à Clermont-Ferrand les 23 et 24 novembre ; salon organisé par le Damier, nouvel adhérent ayant rejoint l’Agence en 2023. Elle s’inscrit plus globalement dans un programme de travail qui a fait cette année la part belle à la question culturelle – prospective des politiques culturelles dans l’anthropocène, Rencontre nationale des agences d’urbanisme « Pas de réorientation écologique sans recomposition culturelle des territoires » – pour soutenir le projet de Capitale européenne de la Culture Clermont-Ferrand Massif central 2028. L’analyse se concentre sur les activités et professions au cœur du secteur culturel et créatif sans considérer les activités connexes telles que le numérique, l’artisanat d’art ou encore le secteur de la mode et du luxe.
Les Industries culturelles et créatives (ICC) dans le Massif central
Concept né au Royaume-Uni dans les années 90, les industries culturelles et créatives ont rapidement occupé une place de prédilection dans des métropoles en quête d’attractivité au point de devenir une « pensée magique » de la compétitivité territoriale. Sont-elles pour autant condamnées à rester des vitrines économiques de territoires hyper-urbains privilégiés ? Dans le contexte anthropocène actuel et les crises qui s’y rapportent, les industries culturelles et créatives ne pourraient-elles pas constituer un formidable outil de recomposition culturelle et de transitions pour une multitude de systèmes territoriaux ? L’hypothèse est intéressante à explorer, particulièrement dans un territoire comme celui de Clermont-Ferrand et du Massif central déjà engagé dans une dynamisation collective de ce secteur d’activité.
Le Massif central [2] compte 13 200 établissements culturels, ce qui représente 3 % de son tissu économique. 15 % des emplois relevant des activités du secteur culturel à l’échelle du Massif central se concentrent dans la métropole clermontoise. Les professions créatives, et parmi elles les artistes eux-mêmes, restent au cœur des activités de la culture et de la création. Pour autant, ils exercent également en-dehors des activités considérées comme le cœur de cette économie. Parmi les 24 225 actifs occupés relevant des professions créatives, près de la moitié exerce hors établissements du secteur culturel et créatif.
Les ICC dans les projets de Capitale européenne de la Culture
Le dispositif « Capitale européenne de la Culture » vise cinq objectifs [3] : un renforcement du rayonnement international des villes sélectionnées, la valorisation de l’image de la ville auprès des citoyens, le renforcement des capacités et de la visibilité de leur secteur culturel, une sensibilisation et un accès à la culture favorisés et la stimulation du tourisme culturel. Les activités culturelles et créatives constitutives des industries de la création trouvent aisément leur place dans plusieurs d’entre eux. Les projets de Clermont-Ferrand, Bourges, Montpellier et Rouen, les quatre villes présélectionnées pour l’obtention du label Capitale européenne de la Culture 2028, les évoquent ainsi directement. Les quatre compétitrices concentrent toutes au sein de leur intercommunalité plus de la moitié des emplois dans le secteur culturel et créatif de leur département, avec 3 430 emplois pour Clermont Auvergne Métropole, 690 pour Bourges Plus, 7 980 pour Montpellier Méditerranée Métropole et 3 830 pour la Métropole Rouen Normandie, une concentration accrue pour la métropole clermontoise avec 70 % des emplois du secteur.
Les ICC et la réorientation écologique des territoires
Si elles sont généralement plébiscitées pour leur caractère non délocalisable et les changements qu’elles peuvent apporter dans l’économie, notamment par l’impulsion créative qu’elles sont susceptibles d’apporter dans des secteurs d’activités diverses, les industries culturelles et créatives se situent également aux avant-postes de la réorientation écologique par leur capacité à impacter nos imaginaires. Elles sont amenées à se réinventer au regard d’évolutions socioculturelles elles-mêmes bouleversées par une crise écologique matrice d’un renouvellement de nos représentations du désirable. Et si elles conservent leur ancrage majoritairement urbain, le positionnement d’acteurs des industries culturelles et créatives à l’échelle du Massif central et la conscience de certains d’entre eux dans le rôle social, économique mais aussi environnemental qu’ils peuvent jouer sur le territoire témoignent d’un renversement du modèle d’impact.