1 – Une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) est une entité qui gère le réseau de transport urbain sur son territoire.
Le projet de Service Express Régional Métropolitain Clermont Auvergne labellisé par l’Etat
Afin de répondre aux enjeux de décarbonation des mobilités du quotidien, mais aussi à la vulnérabilité économique des personnes effectuant de longs trajets domicile-travail, la Loi d’Orientation des Mobilités (2019) a impulsé la perspective de projets de RER dans les métropoles de Province, avec l’ambition de doubler la part modale du ferroviaire.
Depuis quelques années, ce sujet fait l’objet d’une attention aussi bien au niveau national avec l’annonce du Président de la République de développer des RER dans une dizaine de métropoles régionales, qu’au plan local avec la signature d’une convention entre l’Etat, la Région et le Pôle Métropolitain Clermont Vichy Auvergne pour réaliser un schéma directeur de l’étoile ferroviaire clermontoise. Cette étude vise à définir les ajustements du réseau ferroviaire pour assurer des dessertes plus fréquentes (un train toutes les 15 à 30 minutes aux heures de pointe), permettant d’attirer un plus grand nombre de voyageurs. Elle constitue à présent l’étude de référence pour la préfiguration du volet ferroviaire d’un Service Express Régional Métropolitain (SERM) clermontois.
Ce sujet connaît une véritable accélération depuis la publication de la loi relative aux Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) du 27 décembre 2023, qui élargit le concept sur une offre globale permettant de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre issues du mode routier. Il ne s’agit plus seulement de proposer un service ferroviaire à haut niveau de services, mais de disposer d’un bouquet de solutions de transports multimodaux, coordonnés entre eux, s’appuyant sur le ferroviaire, mais aussi les autres modes, notamment routiers.
A l’échelle du Pôle métropolitain Clermont Vichy Auvergne, c’est un bassin d’environ 700 000 habitants qui pourrait ainsi être desservi.
UNE LOI SERM QUI VA AU-DELÀ DE L’AMBITION DE DÉVELOPPER LE FERROVIAIRE AUTOUR DES GRANDES MÉTROPOLES
La loi répond au double enjeu d’améliorer les dessertes des territoires situés dans l’aire d’attraction d’une grande métropole tout en diminuant les émissions carbones. Elle propose, pour cela, de s’appuyer sur le mode ferroviaire (amélioration de la fréquence des trains, élargissement de l’amplitude de circulation, cadencement…), mais aussi d’intégrer l’ensemble des modes complémentaires comme les autres transports collectifs routiers (réseaux urbains d’autobus, autocars express…), le covoiturage ou encore le vélo. Il s’agit de proposer un service unifié à l’échelle de régions métropolitaines (espaces associant une métropole, des villes moyennes et des espaces périurbains et ruraux). Au-delà du renforcement des dessertes, le législateur accorde une importance à la facilité d’accès à ces nouveaux services, avec l’instauration notamment d’un « billet unique ». Le texte de loi précise l’importance de repenser l’aménagement des quartiers de gare et en encourageant les communes ou les EPCI à “favoriser le renouvellement urbain, l’optimisation de l’utilisation de l’espace et la qualité urbaine des projets à proximité des gares ».
Au regard des enjeux financiers et d’ingénierie liés à ces projets, le législateur prévoit la possibilité pour les territoires de faire intervenir la Société des Grands Projets (ex – Société du Grand Paris). Cette société a pu développer plusieurs lignes de métro en région parisienne ces dernières années, en mobilisant notamment des financements dédiés (taxe sur les m² de bureaux). Le législateur s’était d’ailleurs engagé à installer une conférence nationale de financement avant le 30 juin 2024, pour définir les modalités de financement (investissement et exploitation) de ces grands projets en Province.
LE PROJET CLERMONT AUVERGNE INCLUS DANS LA PREMIÈRE VAGUE DE LABELLISATION
Le même législateur a prévu l’obtention du statut de Service Express Régional Métropolitain aux territoires s’inscrivant dans une démarche partenariale associant Etat, Région et AOM [1] et proposant un projet visant à répondre aux défis de la décarbonation des mobilités, ainsi qu’au désenclavement des territoires, notamment s’agissant des villes moyennes.
Dès le 7 mars 2024, la Région Auvergne Rhône-Alpes et les principales métropoles régionales ont souhaité s’engager dans ce processus. Pour le dossier clermontois,un courrier d’intention a été co-signé entre le Président de la Région et le Président de Clermont Auvergne Métropole dès avril 2024. Le mois de juin a permis d’élaborer un dossier minute, qui précise l’avancement du projet et les orientations envisagées. Il a fait l’objet d’une co-construction entre la Région, le Pôle Métropolitain Clermont Vichy Auvergne (représentant 11 EPCI et la CCI), le SMTC, le SM-TUT (Thiers) et la Communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne.
Fin juin 2024, le Ministère des Transports a accordé le statut de SERM pour 24 territoires, dont la candidature Clermont-Auvergne. Dès à présent, il s’agit de conforter l’esquisse du projet en s’engageant dans la réalisation d’un dossier de préfiguration. Celui-ci définit notamment les ambitions en termes de développement des dessertes, les travaux d’infrastructures à réaliser, la gouvernance instaurée et les modalités de financement. A l’issue de cette étape d’environ 12 mois, le statut de SERM pourra être confirmé par un arrêté ministériel.
LE SERM CLERMONT AUVERGNE, UN PROJET PRAGMATIQUE, QUI S’APPUIE SUR LES INFRASTRUCTURES EXISTANTES
Le Service Express Régional Métropolitain Clermont-Auvergne a pour ambition, à l’échelle de ce bassin d’environ 700 000 habitants, de présenter une offre de mobilité attractive pour les échanges entre les principales polarités du territoire (Clermont-Ferrand et les 4 villes moyennes), ainsi que de proposer des alternatives à la voiture pour les territoires périurbains. Cette structure des mobilités vise à renforcer l’organisation en archipel du territoire et à lutter contre la périurbanisation.
Dès lors, il s’agit d’offrir un service ferroviaire et/ou routier fréquent (à minima 1 train ou bus inter-urbains toutes les 30 min en heure de pointe) sur les différentes lignes autour de Clermont-Ferrand. Le premier horizon de mise en œuvre est fixé à l’horizon 2028 / 2029 en lien avec la nouvelle desserte de la ligne Paris – Clermont-Ferrand et l’ouverture à la concurrence des TER dans la partie Auvergne. L’ambition est de développer l’offre, la rendre plus lisible avec le cadencement (trains partant par exemple à 6h05, 6h35, 7h05… sur une même direction). A cet horizon, le service se réalise avec les infrastructures existantes et le matériel roulant qui circule actuellement sur les lignes. Celui-ci est plus sollicité notamment en milieu de matinée et en soirée (après 19h / 20h). A plus long terme (vers 2035), un deuxième palier pourrait être franchi suite à des opérations sur l’infrastructure (signalisation, points de croisement…) et la commande de matériel roulant supplémentaire.
Pour compléter le maillage ferroviaire, l’offre des « Car Région » est repensée et développée. Il s’agit en priorité de proposer une offre de haute qualité sur des liaisons non desservies par le train (ex : Vichy – Thiers) ou en rabattement sur celui-ci (ex : Riom – Maringues). Au-delà du développement des fréquences, une attention forte est portée aux temps de parcours en étudiant les possibilités d’utiliser les autoroutes et voies rapides ou encore les couloirs bus des zones agglomérées.
Le projet s’articule avec les réseaux de transports urbains qui sont renforcés et mieux articulés avec les gares : dès septembre 2024 à Riom et à l’horizon 2026 pour les réseaux de Clermont-Ferrand, Issoire, Thiers et Vichy. Il est notamment prévu de créer une navette entre Volvic et la gare dont les horaires seront coordonnés avec les trains ou encore de renforcer les articulations avec le train dans le cadre du projet Inspire : gare de Clermont-Ferrand mieux desservie, pôle d’échanges à Aulnat, desserte de la gare de Pont-du-Château par une navette…
Une attention particulière est portée aux conditions d’insertion urbaine du SERM sur les 30 gares du territoire, ainsi que sur les points stratégiques du réseau routier (ex : péage de Thiers-Ouest), afin d’offrir de l’intermodalité entre les différents modes collectifs, la voiture (parking-relais, covoiturage) et le vélo.
Il est nécessaire d’agir également sur l’information voyageur, la signalétique (à homogénéiser), la billettique, ainsi que la vente de titres. Dans un premier temps, il s’agit de pouvoir acheter les différents titres sur l’ensemble du territoire et à terme de travailler sur une tarification unifiée à l’échelle du périmètre SERM.
Afin de rendre le caractère opérationnel de ce projet dès 2028 / 2029, les coopérations politiques existantes au travers du Pôle métropolitain (11 EPCI, la CCI + l’association de la Communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne) ou entre les 5 AOM urbaines (SMTC, Vichy communauté, Riom Limagne Volcans, SM-TUT – Thiers – Agglomération Pays d’Issoire) sont à conforter, tout comme les coopérations avec la Région et l’Etat, afin de proposer un service de mobilité unique sur ce vaste territoire.
Pour réussir, le territoire prévoit de s’appuyer sur des forces externes comme la Société des Grands Projets, la SNCF – dans ses différentes composantes – et possiblement un opérateur ferroviaire alternatif.
UN RÔLE DE COORDINATION ET D’ANIMATION DES ACTEURS LOCAUX PORTÉ PAR L’AGENCE D’URBANISME CLERMONT MASSIF CENTRAL
L’animation et le portage des missions « mobilités » du Pôle Métropolitain Clermont Vichy Auvergne sont assurés par l’Agence d’Urbanisme Clermont Massif central dans le cadre de son programme partenarial. Elle s’est impliquée dans ce dossier dès 2022 pour appuyer le positionnement du Pôle Métropolitain dans la gouvernance et le financement de l’étude pour un schéma directeur de l’étoile ferroviaire clermontoise (volet ferroviaire du SERM).
Afin de porter un message d’unité de la part des 11 EPCI et de la CCI aux instances pilotant cette étude ferroviaire, l’Agence anime une commission ad-hoc, qui vise à préparer une doctrine commune du Pôle métropolitain en termes de restructuration des offres de mobilité. Elle a notamment apporté, via des ateliers participatifs, des éléments de réflexion portés par les acteurs du Pôle dans les domaines suivants :
- Les fonctionnalités générales recherchées en termes de dessertes : une offre plus lisible, sur des plages horaires étendues, s’adressant à un public plus large que les seuls travailleurs et scolaires ;
- Les évolutions en termes de développement de l’offre ferroviaire, en portant des hypothèses de développement des kilomètres parcourus par les trains régionaux de l’ordre de 30% (en lien avec les objectifs régionaux) ;
- Les premières réflexions pour reconfigurer le réseau d’autocars qui assurera des missions complémentaires au réseau ferroviaire.
L’Agence a également été mobilisée par le Pôle métropolitain pour construire une partie du dossier-minute, officialisant la candidature du SERM Clermont-Auvergne. Elle a notamment alimenté les éléments de contexte territorial, ainsi que l’identification des interfaces entre les différents services de mobilité. Elle a aussi contribué à définir la stratégie d’un projet décrit comme plus facile à mettre en œuvre et moins onéreux que d’autres projets de SERM, car ne nécessitant pas de nouvelles infrastructures et reposant sur une coordination des actions entre les Autorités Organisatrices des Mobilités (AOM) du territoire.
L’enjeu, pour lequel l’AUCM sera l’une des parties prenantes mobilisée, est désormais de porter un dossier de préfiguration jusqu’à son terme.