“Tisseurs de liens”, Un focus group avec les acteurs de trois quartiers populaires de Gerzat : Le Patural, Les Pègues et Les Chabesses
En mars 2021, l’Agence d’urbanisme a animé un Focus group “Tisseurs de liens” avec une quinzaine d’acteurs de terrain d’horizons professionnels divers ayant en commun de travailler quotidiennement sur les quartiers dits de Veille active du Pâtural, les Pègues et celui des Chabesses de la ville de Gerzat. (bien que ce dernier ne soit pas un quartier inscrit au Contrat de ville, les services de la ville de Gerzat constatant une concentration importante d’enjeux sociaux et urbains ont souhaité l’intégré au débat.)
“TISSEURS DE LIENS” : UNE MÉTHODE ÉPROUVÉE
DE DÉBAT POUR RECUEILLIR LA VISION DES ACTEURS
Le focus group des acteurs “Tisseurs de liens” est l’un des outils qualitatifs mis en place par l’Agence dans son observatoire urbain et social. Cette méthode a précédemment été éprouvée auprès des acteurs des Quartiers prioritaires de Clermont-Ferrand et de Cournon-d’Auvergne.
14 participant.e.s à ce focus group :
- Insertion pour l’emploi
- Bailleurs sociaux
- Travailleurs sociaux
- Petite enfance
- Association sportive
- Tranquillité publique
- Culture
Les objectifs du focus group “tisseurs de liens” sont de partager différents regards d’acteurs sur un même territoire, avec leur convergence et leur dissensus, d’identifier les enjeux majeurs concernant le(s) quartier(s) et ses habitants et d’échanger autour des besoins et des leviers d’actions
Les participants provenant d’horizons professionnels différents – infirmier.e.s., bailleurs sociaux, agents de la petite enfance, éducateur.trice.s et éducatrices, travailleur.se.s sociaux, agents de développement social ou local, associations …- n’ont pas souvent l’occasion de pouvoir partager librement leur vision du quartier et des habitants auprès de qui ils travaillent quotidiennement.
Le focus group à travers des évocations spontanées et un débat libre permet aux acteurs de faire connaitre leurs expertises de terrain tout en dépassant les champs des compétences métiers. Cet échange transversal permet de dresser un portrait des quartiers ciblés et de ses habitants, dans leur globalité et leur complexité. La plupart du temps, les visions sont convergentes sur les constats et les enjeux, ou complémentaires.
RÉSULTATS : LES CONSTATS PARTAGÉS
Trois mots clefs pour résumer les différents enjeux qui ont émergé de ces échanges spontanés dans ces trois quartiers :
L’accessibilité : à l’échelle de la commune de Gerzat, l’offre en transports en commun est jugée non performante, notamment vers les zones d’emploi. L’accès aux droits pour tous, avec un manque de services publics de proximité, notamment dans le quartier des Chabesses a également émergé.
Le vivant : si les quartiers, notamment celui du Pâtural, sont perçus comme animés et vivants, avec la présence importante d’enfants, de familles et de manifestations réalisées par les acteurs, la crise sanitaire semble avoir mis à mal ce “vivant”.
Le multiculturel : il est perçu à la fois comme une richesse et un frein, avec des enjeux liés à l’accès à la langue française et à des différences éducatives importantes.
La poursuite des échanges autour de l’image, de la réputation, de la qualité du cadre de vie de ces quartiers a aussi permis d’identifier des enjeux spécifiques aux trois quartiers :
Pour le quartier du Pâtural, on note une amélioration globale du cadre de vie opérée notamment grâce au programme de rénovation urbaine (2006/ 2012). Cependant des difficultés sociales résistent avec des concentrations de populations précaires, dont les difficultés ont pu être accrues par la crise sanitaire et la perte de la présence des acteurs sociaux au sein du quartier (Conseillers, CAF, travailleurs sociaux…). Ces derniers ont été délocalisés avec le projet de rénovation urbaine, entrainant des pertes de lien et de coordination. Enfin, pour ce quartier, une mauvaise image perdure, alliant mauvaise réputation héritée et points de tensions encore d’actualité (autour du city-stade par exemple).
Pour le quartier des Pègues, la réalité est tout à fait différente puisqu’il n’a plus vocation à être inscrit en tant que « Quartier de Veille active » au Contrat de Ville. En effet, ce quartier principalement composé de maisons individuelles (anciens pavillons Michelin) et de propriétaires, ne présente plus d’enjeux sociaux ou urbains importants ; il n’est qu’un héritage de l’ancienne géographie prioritaire.
Pour les Chabesses, l’augmentation des problématiques sociales continue : familles précaires, primo-arrivants, difficultés scolaires et insécurité alimentaire… sont cités. Des enjeux urbains se cumulent : un parc d’habitat 100% social, présentant des manques notamment en termes de services publics, de commerces et d’équipements, contribuant ainsi à l’isolement et à la difficulté de l’accès aux droits des plus fragiles.
Forts de ces constats, les participants via une séquence en atelier collaboratif, ont imaginé et hiérarchisé des propositions pour mieux répondre aux besoins des habitants :
● Améliorer les partenariats et les réseaux entre acteurs en vue de permettre l’accès aux droits et aux services et proposer un accompagnement adapté
● Retour des services publics et des acteurs dans les quartiers du Pâtural et des Chabesses
● Ouvrir un lieu d’accueil enfants / parents ou une halte- garderie
● Fédérer les associations existantes pour élargir et développer leurs actions
● Mettre en place des comités de quartier et développer leurs actions
En vue de croiser le regard des acteurs avec celui des habitants, une balade urbaine a également été réalisée dans ces quartiers fin 2021, avec une dizaine d’habitants. Arpentant les rues à travers un parcours défini par les participants, leurs expertises d’usages permettent d’appréhender finement les besoins, les atouts et les dysfonctionnements urbains au quotidien. À titre d’exemple : des espaces publics et des aires de jeux à améliorer dans le parc des Chabesses et au niveau de “la coulée verte ” du Pâtural; des équipements “sur-chargés” tels que l’espace de Gym Gerzat du Pâtural, ou encore des lieux appréciés à l’unanimité comme le parc de la Treille et la nouvelle médiathèque A. Daudet. Fin du trimestre 2022, elle sera restituée sous la forme d’un prochain carnet de balade publié par l’Agence.