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[1] Urba 4 : Réseau des quatre agences d’urbanisme de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

[2]  Journée “Le temps du passage à l’acte !” 29 juin 2023, Tarare

[3]  VEFA : Vente en état futur d’achèvement

Rencontre régionale de la revitalisation des centralités : le temps du passage à l’acte !

Par Amélie Leroux, Chargée d'études Habitat et Observatoire Local des Loyers - 25.08.2023

“Petites villes de demain”, “Opération de Revitalisation de Territoire”, “Action cœur de ville”… de nombreuses communes ou collectivités sont engagées dans une démarche de redynamisation de leurs centralités. Les territoires bénéficiant de ces dispositifs se posent aujourd’hui la question du passage à l’opérationnel. Pour tenter d’y répondre, le réseau URBA4 [1] et les Directions Départementales des Territoires (DDT) de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont organisé une rencontre régionale de la revitalisation [2]. Cet événement fut l’occasion de partager de nombreux retours d’expériences, à la fois via la présentation des actions menées à Tarare, ville d’accueil de cette rencontre, et plus largement via des témoignages de plusieurs territoires porteurs de ces démarches. L’objectif : s’inspirer et partager les clés de réussite pour passer à l’action.

Réinvestir les centralités : une opportunité dans un contexte de zéro artificialisation nette

De nombreux territoires voient leurs centralités confrontées à des fragilités comme l’érosion de leurs activités commerciales et la concentration des emplois dans les zones périphériques, le vieillissement, la dégradation et l’inadaptation de leur parc de logements ou encore la raréfaction des services et équipements de proximité. Afin de remédier à cela, nombre d’entre eux se sont engagés dans des programmes de revitalisation visant à recréer une dynamique positive et, ainsi, infléchir la perte de vitesse des centres villes et centres bourgs. Le pari consiste à mettre en place une stratégie globale comprenant l’habitat, les commerces et services, la mobilité et les espaces publics ou encore la santé, puis de définir un plan d’actions telles que la réhabilitation de logements, la reconversion de friches ou encore l’acquisition de foncier commercial. Cette stratégie d’ensemble, qui traite de manière transversale plusieurs thématiques, doit permettre d’améliorer le cadre de vie et de renforcer la fonction de centralité dans ces territoires. Ces dispositifs de revitalisation soutiennent fortement les collectivités, par de l’ingénierie et des financements spécifiques, ils sont donc des accélérateurs de projet.

Dans un contexte de sobriété foncière, la revitalisation des centralités joue un rôle majeur dans la lutte contre l’étalement urbain, en invitant à réinvestir les espaces déjà bâtis (friches, logements ou commerces vacants, dents creuses…). Ces dispositifs s’inscrivent donc également comme un moyen d’atteindre l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Ils représentent une opportunité pour les territoires de redécouvrir et d’adapter des modèles existants aux atouts incontestables pour mettre en œuvre leurs projets et innover dans la façon dont ceux-ci sont construits.

Passer à l’action : innover pour porter et financer son projet

Pour revitaliser leurs centralités, les territoires se voient souvent confrontés à la recherche de financements afin de pouvoir réaliser leurs programmes d’actions. Si les partenaires et subventions peuvent être multiples, il n’est pas toujours facile pour les chefs de projets de les identifier ou de les rencontrer, ceux-ci ne pouvant pas toujours se déplacer sur l’ensemble des communes concernées par les programmes “Action cœur de ville” ou “Petites villes de demain”. Pour faciliter cette prise de contacts entre élus, chefs de projets et partenaires financeurs, les DDT du Puy-de-Dôme et de l’Isère ont par exemple organisé, à l’occasion de leurs clubs de la revitalisation, respectifs, des speed-dating entre financeurs et chefs de projets “Petites villes de demain”. Ceux-ci devaient permettre sur un temps court de faciliter les prises de contacts et les premiers échanges entre territoires et financeurs, pour enclencher une dynamique dans le financement des actions.

D’autre part, ces aides ne suffisent pas toujours à financer la totalité d’un projet. Aussi, plusieurs territoires ou partenaires des démarches innovent. La commune de Belleville-en Beaujolais (69) a, par exemple, mis en place un mécénat territorial pour lever des fonds pour son projet de ville bioclimatique et positive en 2035. Ce mécénat se fait à la fois auprès des acteurs du monde économique et des habitants et prend la forme d’un fond de dotation à destination d’organismes à but non lucratif finançant des opérations sans bénéfice financier et d’intérêt général, en lien avec la métamorphose de la commune face aux changements climatiques. Ils ont ainsi proposé des projets comme la plantation d’arbres ou l’achat de vélos.

Les montages d’opérations peuvent aussi prendre des formes innovantes. A ce titre, la ville de Tarare a recherché un montage pour la requalification d’une ancienne usine, lui permettant de garantir la soutenabilité financière du projet. Ainsi, après signature d’une promesse de vente auprès du propriétaire privé actuel, la commune a engagé une procédure de dialogue compétitif auprès d’opérateurs privés. L’objectif est que les opérateurs démontrent la faisabilité du projet au vu de la programmation envisagée par la ville. Une fois l’opérateur sélectionné, la ville achètera le bien et le cédera à l’opérateur selon une procédure de cession à charges d’intérêt général pour s’assurer que ces derniers réalisent le programme prévu. Par la suite, les différents lots seront vendu en VEFA [3] aux preneurs qui auront à leur charge l’aménagement des espaces qu’ils auront acquis.

Passer à l’action : mettre en place une gouvernance multi-échelle, régulière et une animation auprès des habitants

Les projets de revitalisation des centralités s’inscrivent à la fois à l’échelle de la ville directement concernée par le dispositif, mais également à l’échelle de son intercommunalité pour être en adéquation avec la stratégie territoriale, notamment lorsque plusieurs communes d’une même intercommunalité sont engagées dans ce type de démarches. Une gouvernance comprenant les élus et techniciens permet de faire plus facilement avancer le projet, de garantir son articulation aux différentes échelles et de s’assurer le soutien des élus. Ainsi, la communauté de communes de Thiers Dore et Montagne (63) et la communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien (69), ayant toutes les deux plusieurs communes impliquées dans les programmes “Petites villes de demain” et “Action cœur de ville”, ont mis en place une gouvernance dédiée à ces dispositifs. S’ils peuvent prendre plusieurs formes selon les territoires, ces modes de gouvernance visent la régularité des réunions et des temps d’échanges entre les communes impliquées dans ces dispositifs pour permettre l’articulation globale des projets de chaque commune. Cette gouvernance vient renforcer celle pouvant exister à l’échelle communale, mais aussi communautaire.

D’autre part, ces projets de revitalisation des centralités nécessitent d’impliquer les habitants dans la démarche pour permettre une meilleure acceptation du projet et en faciliter la réalisation. Pour mettre en œuvre cette animation auprès des habitants, les communes de Tullins et La Mure en Isère (38) ont fait le choix d’installer une maison de projet au cœur de leur centralité. Ces maisons de projets ont pour objectif de communiquer auprès des habitants sur les actions en cours ou à venir, de recueillir leurs remarques, suggestions et besoins et de les mettre en relation avec les élus ou les acteurs clés du projet. La limite de ce type de démarche est toutefois la capacité des communes à disposer de personnel pouvant tenir les permanences de ces espaces.

Finalement, au travers des retours d’expériences partagés lors de cette rencontre, on constate que les dispositifs de revitalisation constituent des opportunités d’expérimenter, d’innover, de rechercher de nouveaux modes de faire dans les territoires impliqués dans ces démarches, lesquels sont bien souvent confrontés au défi de mettre en œuvre ces projets de revitalisation dans un contexte de sobriété foncière et financière. Si les différentes initiatives partagées ne sont pas toutes reproductibles, elles apportent toutefois des éléments de réussite communs à ces projets que sont l’anticipation, la créativité ou encore l’implication des élus et des habitants. L’ AUCM continue d’accompagner les territoires impliqués dans ces démarches de transformation des centralités, à la fois en apportant son expertise de réalisation d’études dans le cadre des ORT de Clermont Auvergne Métropole et au travers d’un appui à l’animation des clubs départementaux de la revitalisation co-organisé avec la DDT 63, dont le prochain aura lieu à l’automne 2023.