Inspirer la transition écologique à Riom, Limagne et Volcans
Comment aider les élus locaux, en prise directe avec le quotidien de leur territoire, à prendre de la distance et à envisager la transition écologique le plus positivement possible ? En leur montrant par l’exemple que loin de ne constituer qu’une contrainte supplémentaire, répondre au défi du changement global peut aussi être une opportunité pour se questionner, fort d’un nouveau regard, et trouver des solutions à des problèmes plus anciens. Partant de ce constat, l’agglomération de Riom Limagne et Volcans (RLV) a sollicité l’Agence d’urbanisme pour organiser et animer un cycle de rencontres à destination de ses élus communautaires et communaux.
Se poser les bonnes questions
Organiser des rencontres pour apprendre et discuter de la transition écologique est intéressant. S’assurer que les sujets traités correspondent aux situations territoriales et aux questionnements des élus est encore mieux. C’est par le moyen d’un questionnaire avant et pendant ces rencontres que l’AUCM s’est assurée de la pertinence des questions abordées. C’était aussi une manière de mieux comprendre les représentations des élus, leurs freins à la transition et toutes ces dimensions rarement explicitées que le retour d’expérience doit aussi permettre de traiter et de contribuer à dépasser. Les freins exprimés sont tout autant de l’ordre du manque de connaissances que de la nécessité d’être accompagné, outillé et formé pour relever les enjeux de la transition.
Deux thèmes ont finalement été retenus : « la transition énergétique », traitée lors de la rencontre d’octobre 2023 et « les espaces publics économes en eau et favorables à la biodiversité », traités le mois suivant. Deux rencontres portées par la même ambition : explorer les actions déjà en cours sur le territoire, susceptibles de faire l’objet d’une accélération. La recherche d’opérationnalité était, de fait, au cœur des attentes pour parvenir à embarquer des élus soucieux de concret et d’efficacité dans les enjeux de la transition écologique. A chaque fois la même organisation, une table ronde et un atelier participatif animés par l’Agence. Par souci d’apprendre de ce qui se fait ailleurs étaient également invités des représentants de territoires voisins, eux-mêmes engagés dans des projets significatifs.
Accélérer la transition énergétique
La première rencontre a mis en lumière des projets de transition énergétique qui placent l’humain et le local au centre de la réflexion. À Anzat-le-Luguet, une commune montagnarde de 170 habitants au cœur du massif du Cézallier, le chauffage tourne pratiquement toute l’année. Malgré la faible densité du bâti, la commune a fait le choix d’implanter deux réseaux de chaleur bois-énergie pour desservir les bâtiments communaux et les habitations, qui étaient chauffés majoritairement au fioul. Ce réseau de chaleur est alimenté par du bois, prélevé sur les massifs forestiers avoisinants.
Privilégier les matériaux locaux, c’est aussi le choix fait par la commune de Maringues pour la construction de son école primaire. Béton de terre, bois du Livradois-Forez, terre cuite,… les matériaux ont été soigneusement sélectionnés pour répondre aux exigences de confort thermique et sonore, tout en garantissant le confort de vie des élèves.
La transition énergétique passe aussi par la multiplication des unités de production. À Loubeyrat, la coopérative énergétique citoyenne Combrailles Durables , appuyée par la commune, développe des projets photovoltaïques. Son fonctionnement est simple : elle finance les installations et se rémunère sur la revente de l’énergie. Aujourd’hui l’association essaime sur tout le territoire des Combrailles : équipement d’écoles et locaux communaux, achats groupés de panneaux photovoltaïques à destination des habitants et parcs photovoltaïques au sol sur des friches en partenariat avec le réseau national de coopératives Enercoop.
Après des échanges nourris entre les maires intervenants et la salle, les élus de RLV ont pris place en tablées, autour d’un jeu sérieux animé par l’Agence d’urbanisme et RLV. Les élus ont échangé, à l’aide d’un plateau de jeu conçu sur-mesure par l’AUCM. Au centre du jeu des cas d’école : « Quels sont les freins à lever pour intégrer les énergies renouvelables dès la conception de mon bâtiment communal ? Quels sont les leviers sur lesquels je peux compter et comment travailler en concertation avec les services de RLV ? ». Si l’atout premier de cet outil est de nourrir le dialogue entre les élus, sa finalité reste bien d’identifier leurs besoins, leurs motivations mais aussi les obstacles qu’ils rencontrent pour mener à bien leurs politiques de transition.
Renaturer nos villes et centres-bourgs
Un mois plus tard, les élus communautaires et communaux ont de nouveau été réunis pour échanger, cette fois sur la renaturation des espaces publics. Si nos villes et centres-bourgs ont longtemps tourné le dos à la nature, il semble désormais temps de faire du végétal un allié et une priorité. La nature en ville rend plus de services qu’elle ne demande de soins, et les témoignages inspirants des élus invités en table ronde sont venus renforcer cette idée. La renaturation des espaces publics passe par deux leviers, qui ne vont pas l’un sans l’autre : la perméabilité des sols et la végétalisation.
La table ronde a ainsi débuté par le témoignage de la commune de Gannat, qui a porté le réaménagement de sa place centrale : le champ de foire. Hier minérale, cette place est aujourd’hui un lieu vivant, accueillant et perméable. La perméabilité des sols est aussi au centre des réflexions de la commune d’Ennezat, qui emploie de la pouzzolane, une pierre volcanique locale, pour pailler et drainer les aménagements paysagers de la commune.
Concernant la végétalisation, il existe de nombreuses manières de faire entrer le vivant en scène pour renaturer nos espaces publics. Les communes de Châtel-Guyon et de Romagnat s’y emploient : végétalisation des cours d’école, fleurissements et tailles raisonnés, vergers conservatoires, micro-forêts, nichoirs, végétalisation de cimetières,… autant d’exemples porteurs de sens présentés en table ronde et pendant l’atelier participatif.
Pour cette deuxième rencontre, l’AUCM a conçu un plateau de jeu où les élus purent exprimer, à partir d’un photo-langage, leurs actions pour repenser les espaces publics au prisme de la végétalisation vue sous ses trois principales composantes : renaturer, créer des espaces de nature en ville et entretenir les espaces verts. L’Agence a construit ce photo-langage autour d’exemples locaux, notamment sur le territoire de Riom Limagne et Volcans. Au contraire du premier outil d’animation, qui mettait les élus autour de cas d’école fictifs, cet atelier met au centre les projets des élus, avec toujours l’intention de mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes pour renouveler leurs pratiques de création et d’entretien des espaces végétalisés.
De l’enjeu de faire émerger une culture commune des transitions
Sur les 31 communes que compte le territoire de Riom Limagne et Volcans, 25 ont pris part aux rencontres de la transition écologique. Créer un espace-temps où les élus peuvent échanger librement, exprimer leurs besoins, leurs craintes mais aussi partager leurs réussites est assurément un premier résultat. Ces rencontres de la transition mettent en évidence le besoin et les bénéfices de créer des liens entre les communes pour partager bonnes pratiques et retours d’expérience, pour décrypter et mieux comprendre les enjeux et les dispositifs, pour mutualiser certaines pratiques et (dé)montrer qu’il est possible de changer nos modes de faire (« ils l’ont déjà fait »). L’intérêt porté aux savoirs, savoir-faire et savoirs d’usage exposés montre également la nécessité pour les élus de se former, de se sensibiliser et de communiquer autour des bénéfices collectifs des projets de transitions. Ces sont sans doute là des conditions indispensables pour atteindre l’objectif initialement fixé : donner aux élus des clés pour amorcer des actions concrètes, pour que la transition soit pleinement incarnée et portée dans les territoires.