La revue

Les 100 qui font la ville… Traits Urbains

Par AUCM - 21.02.2025

Un portrait : n’était-ce pas anachronique au moment même où « les acteurs de l’aménagement et de l’urbanisme devaient reconsidérer leurs pratiques pour sortir d’un modèle qui avait conduit à gager l’avenir de la planète et menaçait aujourd’hui la viabilité de nos milieux de vie ? Plus que la mise en exergue de leur parcours, n’était-ce pas plutôt leurs convictions et leurs engagements pour édifier de nouveaux espaces de cohabitation plus justes et soutenables qu’il convenait aujourd’hui d’exposer ? ».

Stéphane Cordobes est un personnage à l’esprit pluridimensionnel, animé en premier lieu par une soif de justice à l’égard du vivant, et donc en perpétuel questionnement. Aussi nous propose-t-il de « vite passer » sur sa formation pourtant longue comme l’Anthropocène : sur ses études de géographie et son compagnonnage avec Michel Lussault, sur son appétence pour la prospective territoriale nourrie au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), et sur son intérêt philosophique pour le pragmatisme américain ; vite aussi sur son cheminement professionnel, entamé à la Datar, puis poursuivi au Commissariat général à l’égalité des territoires, enfin à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT).

A ces figures imposées de l’hagiographie, le directeur général de l’Agence d’urbanisme Clermont Massif central (AUCM) préfère l’énoncé des impératifs de l’adaptation : « Nous ne parviendrons à faire face à ce défi qu’à la condition de transformer en profondeur nos manières de cohabiter. (…) L’aménagement et l’urbanisme que nous pratiquons depuis plus d’un demi-siècle s’inscrivent dans un régime de maîtrise, d’exploitation et de consommation de la nature qui n’est absolument pas tenable. Par tenable, il faut entendre acceptable socialement, politiquement, moralement ; mais également soutenable pour assurer à l’humanité et à tous ceux qui la composent et dont elle dépend pour vivre, un avenir digne, ou a minima possible. »

Mais Stéphane Cordobes n’est pas du genre à lancer des incantations sans se retrousser les manches. C’est pourquoi après avoir œuvré au programme de prospective « Territoires 2040, aménager le changement », convaincu logiquement que celui-ci s’opérerait à partir de l’échelle
territoriale, il a souhaité prendre la direction d’une agence d’urbanisme, où il dit « mieux mesurer à proximité des acteurs du terrain l’ampleur du travail à mener ».

Depuis qu’il a rangé, il y a trois ans, ses livres au pied des volcans, l’agence clermontoise a étendu son champ d’activité au Massif central, espace géographique à ses yeux « plus pertinent » pour acculturer une population et ses représentants à la nécessité d’apprendre à faire territoire autrement. « On ne parle pas ici de simples ajustements technico-politiques. La réorientation écologique de nos modes de vie et d’habiter relève d’une recomposition qui traverse nos régimes de savoir, d’action, mais aussi de sociabilité et de sensibilité. C’est une épreuve au sens fort du terme qui passe certes par des renoncements, mais surtout par la réanimation de nos attachements les plus vitaux, et le réenchantement qui peut l’accompagner.»  Autrement dit, la vérité d’un portrait n’existe pas, elle se révèle par l’expérience. (NG)

Reproduit avec l’aimable autorisation de la revue Trait Urbains (N°147/148 – Décembre 2024-Janvier 2025)