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[1] La maille régulière est dans cet exemple en carreaux de 50 mètres x 50 mètres

La carte d’intensité, un outil utile pour réinvestir les centres-villes

Par Fabrice Ravel, Responsable datas et systèmes d’information - 04.12.2023

La lutte contre l’étalement urbain, la limitation de l’artificialisation des sols, nécessitent de questionner le rôle des centres-villes. Certains ont perdu de leur attractivité : les habitants, activités, espaces de vie s’en échappent pour s’installer, bien souvent, dans des secteurs consommateurs d’espaces agricoles ou naturels.

Ainsi, les questions de dévitalisation, de perte d’attractivité des centres-villes, sont une préoccupation centrale pour nombre de villes en France. Preuve en est les différents plans nationaux visant à travailler à la résolution de ces problèmes depuis plusieurs années : que se soit “Action coeur de ville”, visant à réinvestir les centre-villes des territoires en favorisant le maintien ou l’implantation d’activités en coeur de ville et plutôt orienté vers les villes moyennes, ou bien la mise en place de l’outil ORT (Opération de Revitalisation de Territoire) visant des objectifs similaires, mais via une convention intercommunale pour des territoires de plus grande taille.

Dans un premier temps pour “Action coeur de ville”, et désormais pour l’ORT de la métropole clermontoise, l’Agence d’Urbanisme Clermont Massif central a été missionnée pour aider les territoires dans leurs réflexions et la mise en place des différents outils.

Parmi les différentes actions à mener, il fallait notamment pouvoir comprendre le fonctionnement de ces mêmes territoires au travers de multiples entrées : emploi, patrimoine, mobilités, équipements, commerces, etc. Le déploiement d’un atlas cartographique à travailler avec les élus et techniciens aurait pu être réalisé, mais celui-ci aurait très rapidement atteint ses limites en ne permettant pas une vision globale, synthétique et efficace de ces nombreux facteurs.

Mise en place d’un outil cartographique synthétique et accessible

Pour répondre au besoin, l’Agence a donc développé un outil dit “carte d’intensité”. Celui-ci se nourrit bien de l’intégralité des entrées évoquées précédemment, mais au lieu de les balayer une par une pour tenter d’en appréhender la globalité, ce qui devient vite très compliqué pour l’esprit humain sur de grandes étendues spatiales, il permet de le faire sur une seule carte. Pour exemple ci-dessous, la carte d’intensité de la commune de Beaumont.

Carte d’intensité urbaine de la commune de Beaumont – Etude ORT Clermont Auvergne Métropole

Cette carte d’intensité, de type “carte de chaleur”, permet la représentation de toute l’information de façon condensée et continue. Méthodologiquement, chaque composante de la carte (emplois, mobilités, etc) est analysée selon une maille spatiale régulière[1] et traduite en indicateur “faible, moyen, fort”. Ces mêmes composantes sont ensuite sommées pour obtenir la carte finale d’intensité. Visuellement, les zones évaluées comme moins intenses sont représentées par des couleurs froides (bleue pour l’exemple ci-dessus), tandis que les zones dites intenses, c’est-à-dire qui cumulent la présence de plusieurs facteurs (emploi + commerces + etc), sont en couleurs chaudes. Il est, bien entendu, possible de consulter la carte de chaque composante de façon isolée pour comprendre en quoi chacune influe sur la carte finale, mais c’est bien la carte d’intensité qui permet une lecture du territoire tel qu’il est ressenti par les acteurs locaux.

Un support de décision pour élus et techniciens

L’outil a été utilisé aussi bien “positivement” au travers d’une carte d’intensité, que “négativement” au travers d’une carte de déprise, la première cumulant des indicateurs à visée positive tels le nombre d’emplois ou le nombre d’habitants, tandis que la carte de déprise est faite d’indicateurs plutôt négatifs, tels les bas revenus ou le taux de logements vacants.

In fine, ces outils sont une aide à la décision efficace qui permettent de s’extraire, autant que faire se peut, de la complexité de l’analyse de données multiples, qui plus est infracommunales. Ainsi, les décideurs peuvent se focaliser sur ce qui fait l’objet de leur présence en atelier de travail, au travers d’une ou deux cartes maximum : comprendre, se questionner, décider. Dans les cas présents, le tracé des périmètres d’action ORT nécessaire aux différentes démarches et qui doit avoir une précision parcellaire se fait alors, crayon à la main, collégialement, et directement sur la carte d’intensité lors d’un atelier de travail avec les élus : facilitation du processus de réflexion-décision dans un temps souvent très contraint.