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1 –  Séance cycle PLUM du 24 avril 2023. Lire le compte-rendu

2 – Ministère de la transition écologique – chiffres clés des transports édition 2022

3 – SMTC – Grande Enquête de Mobilité 2022 – 2023

La Récré-Action Avance ! Troisième rencontre : Comment sortir de notre addiction à l’automobile ?

Par Sébastien Reilles, Chargé d’études Mobilités - 03.07.2023

Face à l’urgence climatique et sociale, notre modèle de mobilité est à réinventer : diversification des modes utilisés, réduction des distances parcourues ou encore mode d’occupation des voitures en privilégiant le covoiturage et en renonçant à l’autosolisme.

En parallèle de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme de la Métropole (PLUM) clermontoise, l’Agence anime un cycle intitulé « L’urbanisme métropolitain face à l’urgence écologique et sociale ». Cette formation-action expérimentale est conçue pour prendre du recul, débattre et construire ensemble un passage à l’action, en cherchant à questionner nos comportements et nos modèles. Interroger notre dépendance à la voiture individuelle et aux énergies fossiles, dont l’impact sur le changement climatique est indéniable, fait le lien avec la séance précédente. En effet, celle-ci portait sur  le modèle pavillonnaire, dont l’avènement est intimement lié à la démocratisation de la voiture.

QUESTIONNER NOS TRANSITIONS

Le thème de cette troisième séance est volontairement  provocateur : sortir de notre addiction à l’automobile ! Cette formulation assume le paradoxe dans lequel nous vivons : l’automobile reste le mode principal de déplacement, malgré les nuisances évidentes liées à son utilisation, et alors qu’il existe  des alternatives accessibles permettant la réduction de son usage. C’est un thème éminemment en lien avec le travail d’élaboration du PLU de la Métropole, puisque les choix réglementaires que nous faisons aujourd’hui façonnent les nouvelles réponses, en termes d’aménagement de l’espace, à ce besoin de mobilité pour lequel, aujourd’hui, la voiture est trop souvent privilégiée. 

Une trentaine d’élus et de techniciens des communes de la métropole clermontoise ont été amenés à réfléchir [1] sur la place de l’automobile et plus particulièrement aux  pratiques « d’autosolisme » (fait de circuler seul dans sa voiture), aujourd’hui très largement répandue. En effet, le secteur des transports est responsable d’environ 30% des émissions de gaz à effet de serre de la France et les voitures particulières en sont la principale cause [2]. Face au défi de la transition, dont l’atteinte du Zéro Émission Nette d’ici 2050, on ne peut que déplorer le fait que le secteur des transports a vu ses émissions s’accroître par rapport à 1990, alors que les autres secteurs (agriculture, résidentiel, industrie…) les ont réduites.

Ainsi, au travers de retours d’expériences, d’éclairages d’experts, et d’une prise de conscience via l’outil de la « fresque du renoncement », cette séance visait à éclairer sur la place de la voiture dans nos mobilités du quotidien et à s’interroger sur les conditions du changement, qui nécessite à la fois l’existence de services alternatifs et des changements culturels sur nos pratiques de mobilité.

DÉPENDANCE À LA VOITURE : OÙ EN SOMMES-NOUS ? 

Cette dépendance  à la voiture n’est pas simplement liée à des choix de mobilité, elle s’explique par des transformations urbaines et sociétales qui ont conduit, à partir des années 1960, à asseoir le développement des villes sur la démocratisation des véhicules individuels. Ainsi, le développement du tissu pavillonnaire dans une « ville » étalée, n’aurait jamais pu s’imaginer sans sa composante « mobilité », basée sur une expansion des usages de la voiture.

 En s’appuyant sur les données de l’enquête déplacements de 2012, qui va faire l’objet d’une actualisation très prochainement [3], des éléments d’état des lieux sur les choix des habitants de la métropole clermontoise en matière de mobilité ont été présentés. En 2012, il ressortait que près de 60% de la mobilité est assurée en voiture par les habitants de la métropole clermontoise, chiffre très proche de la moyenne nationale. Ce recours majoritaire à la voiture est une sorte de réflexe dès que la distance de déplacement dépasse un kilomètre, sous couvert de gain de temps et en minimisant les coûts d’usage. Au terme de cette présentation, il est démontré que l’usage de l’automobile “solo” est particulièrement marqué pour se rendre au travail, car on assiste à un éloignement croissant entre lieu d’habitat et lieu de travail, et où dans la décennie 2010, la pratique du covoiturage est restée marginale.

L’ACCOMPAGNEMENT AU CHANGEMENT, UN OUTIL COMPLÉMENTAIRE AU DÉVELOPPEMENT D’OFFRES ALTERNATIVES

Paul Merlin, intervenant d’Aix Marseille Provence Métropole, indique qu’en parallèle du développement de nouvelles offres de mobilité, comme le renforcement des transports collectifs, le développement du vélo, l’accompagnement de solutions de covoiturage, la Métropole a travaillé sur l’encouragement, la facilitation des ménages à changer leurs pratiques de mobilités.

Dès 2016, la Métropole aixoise a accompagné près de 300 habitants volontaires par des « Ambassadeurs de la mobilité ». Ceux-ci aidaient chaque personne à trouver des solutions alternatives à la voiture et correspondant à leurs besoins de mobilité. Si ce type d’expérience permet de tester des alternatives, et dans certains cas de changer durablement les choix de mobilité, ce dispositif nécessitait des ressources trop importantes pour atteindre un panel de population plus large. Ainsi, la Métropole a souhaité toucher un public plus nombreux, via de la communication engageante dans le cadre d’un jeu concours « grand public », organisé chaque année dans le cadre de la semaine de la mobilité, qui a permis à environ 3 000 personnes de tester des services alternatifs à la voiture. Au printemps 2023, en sus, un dispositif a été fléché sur les déplacements domicile-travail, qui comme ailleurs, sont marqués par une très forte prédominance des usages « solo » de la voiture.

 UN TEMPS LUDIQUE INTERPELLANT SUR LES USAGES DE LA VOITURE 

L’outil « fresque du renoncement », apporté par l’Agence, visait à faire réfléchir élus et techniciens sur la possibilité de réduire, voire d’abandonner, l’autosolisme. Pour y parvenir, il est unanimement mis en avant la question de la qualité des alternatives : des dessertes par les transports collectifs, du maillage en aménagement cyclable de l’extension des possibilités de télétravail.

Toutefois, d’après les participants, il ressort que le renoncement à la voiture « solo » reste perçu comme impossible pour certaines activités : achats volumineux et/ou lourds, accès aux urgences médicales, personnes âgées rencontrant des difficultés à marcher, personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, pour certains métiers comme la livraison ou l’aide à domicile, il ne semble pas possible d’abandonner l’autosolisme.

Au terme de cette troisième séance, il apparaît que la dépendance à la voiture nécessite de proposer des solutions alternatives viables, dont certaines ne sont pas matures à ce jour, comme des systèmes de navettes autonomes ou de l’autopartage à grande échelle.

LE RENONCEMENT À L’AUTOSOLISME : UNE PERSPECTIVE QUI DEMANDE À ÊTRE FACILITÉE !

Mais, ce que met en avant Aix Marseille Provence Métropole, est que si le développement de services alternatifs à la voiture est un préalable au changement, le moindre recours à la voiture nécessite aussi des changements dans l’appréhension de chacun. Via les actions de management de la mobilité, l’ambition est d’accompagner l’individu dans l’abandon progressif du modèle du tout voiture, vers un nouveau modèle de mobilité plus sobre, plus économe et pour autant efficace. C’est ainsi que ce territoire a recherché à mieux faire connaître les alternatives au tout voiture avec le conseil assuré par les “Ambassadeurs de la mobilité” ou encore via un jeu concours visant à encourager les habitants dans la découverte de nouveaux modes.

 LES PROCHAINES TRANSFORMATIONS À ENGAGER

Le cycle Recré’Action se poursuivra par deux séances automnales. La première portera sur les équilibres à trouver avec  le rôle de l’humain dans la co-présence des vivants en ville. Dans un contexte de diminution de la biodiversité et d’épuisement des écosystèmes, la question de la place que nous condescendons, en tant qu’humain, à donner aux autres espèces vivantes dans nos environnements et des liens d’interdépendances entre les différents représentants du vivant que nous avons parfois tendance à négliger sera posée. La reconnexion à nous-même, à nos besoins fondamentaux, communs avec les autres espèces vivantes sera au cœur de cette prochaine séance. Comment assurer collectivement le futur heureux dans lequel tout vivant pourra respirer, boire et se nourrir ? Une séance conclusive sera ensuite proposée avec l’intitulé suivant : vers un urbanisme favorable à la santé et au bien vivre ? Rendez-vous au deuxième semestre 2023 !