Retrouvez la publication complète des résultats de cette étude : https://aucm.fr/publication/ma-sante-au-temps-de-la-covid19-2021/
Ma santé au temps de la COVID-19
Lors du premier confinement, l’Agence d’Urbanisme et de Développement Clermont Métropole et l’Atelier Santé Ville de Clermont-Ferrand ont souhaité recueillir la voix des habitants sur leurs ressentis et leurs besoins face à cette crise sanitaire sans précédent.
C’est ainsi qu’un partenariat est né entre les deux parties, mis en œuvre à travers une enquête quantitative réalisée auprès de plus de 300 clermontois. Le questionnaire a permis d’aborder plusieurs thématiques telles que : l’état de santé et le recours aux soins, le vécu et les impacts du confinement et du déconfinement et la connaissance du virus et des gestes barrières.
OBJECTIFS ET FINALITÉS PARTAGÉS DE CETTE ENQUÊTE
- Mieux connaître les problèmes et besoins de santé dans les QPV pendant et depuis la crise sanitaire.
- Réduire les inégalités sociales et territoriales en santé au temps de la Covid-19.
- Adapter davantage les actions de prévention, de promotion et d’éducation à la santé et d’accompagnement des plus vulnérables dans leurs parcours de santé.
MÉTHODE
De juin à septembre 2020, l’atelier Santé ville a réalisé les enquêtes en face à face dans différents quartiers (les 4 quartiers prioritaires, le Centre-ville et le quartier gare de Clermont-Ferrand).
Par la suite, l’Agence d’Urbanisme a procédé au traitement et à la restitution des analyses qui mettent en avant les divergences et les convergences entre répondants résidants au sein et en dehors des quartiers prioritaires.
En vue de pouvoir comparer les territoires les uns aux autres et notamment d’identifier ceux en situation de décrochage, c’est la méthodologie du «scoring» qui a été utilisée pour cette enquête.
Ainsi, pour chacune des questions, la valeur médiane des réponses a été calculée et sert de valeur de référence pour situer les quartiers. Cette méthode permet de réaliser un positionnement relatif à la question et aux valeurs locales (valeurs des autres quartiers).
Valorisations, partages et principaux résultats :
En début d’année 2021, des premiers résultats ont été partagés sous forme de conférence débat en ligne auprès des élus et des partenaires de l’Atelier Santé Ville et de Notre Observatoire Urbain et Social(NOUS).
Plusieurs enjeux ont été soulignés par les résultats de l’enquête avec des distinctions par territoires :
Dans les QPV, les enjeux les plus saillants sont :
● Une moindre connaissance de la pluralité des symptômes, des modes de transmission et des mesures de protection (88% Hors QPV contre 55% dans les QPV utilisent au moins les trois principaux modes de protection : gel hydroalcoolique, masques et distanciation sociale).
● Moins d’activité physique et plus de prise de poids pendant le confinement (32 % dans les QPV ne font pas du tout d’activité physique contre 8% Hors QPV).
● Un premier confinement vécu plus « péniblement » (31% dans les QPV contre 8% Hors QPV) et «angoissant».
● Plus de temps passé en famille apprécié (33% dans les QPV contre 21% Hors QPV)
● Une charge des enfants et une continuité pédagogique plus difficile dans certains quartiers comme Croix-de-Neyrat et Saint-Jacques.
● Plus d’exposition face aux écrans (une exposition ayant augmenté pendant le premier confinement à 58% dans les QPV contre 41% Hors QPV).
● Plus de troubles du sommeil (17% dans les QPV ont eu beaucoup de troubles du sommeil contre 3% Hors QPV).
● Légèrement plus de difficultés depuis le premier confinement avec des freins dans les démarches en ligne notamment à Saint-Jacques et des enjeux d’aide alimentaire
à Champratel et les Vergnes.
● Des déconfinés plus «stressés», «angoissés» (33% dans les QPV contre 21% Hors QPV).
EN DEHORS DES QPV, CE SONT LES ENJEUX SUIVANTS QUI ONT ÉTÉ MIS EN EXERGUE, ROMPANT PARFOIS AVEC CERTAINES IDÉES PRÉCONÇUES.
● Davantage de difficultés à poursuivre les soins durant le premier confinement (27 % hors QPV ont préféré repousser leurs soins contre 9% dans les QPV).
● Une alimentation moins saine pendant le premier confinement (31% dans les QPV contre 14% dans les QPV).
● Un enjeu autour de la consommation d’alcool plus important (14% contre 1 % ont augmenté leur consommation durant le premier confinement).
● Une exposition importante face aux écrans.
● Un vécu du premier confinement qualifié davantage par la « solitude, l’isolement » (25% Hors QPV contre 16% dans les QPV).
● Un premier déconfinement pas forcément vécu comme un “soulagement”..
● Un secteur Gare qui ressemble davantage à un QPV.
APPROFONDISSEMENTS ET ANALYSES CROISÉES : LES “PROFILS TYPE”
L’analyse croisée des différentes réponses et des profils sociodémographiques des répondants permet d’aboutir à des « profils type». Ils sont à interpréter comme des grandes familles de répondants et ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la population métropolitaine.
Les ainés qui prennent soins d’eux
Dans ce profil de retraités de plus de 60 ans qui vivent largement seuls, se concentrent légèrement plus de femmes. Ces retraitées ont une bonne connaissance du virus et des gestes barrières. Pendant le confinement, elles ont poursuivi leurs soins et leur quotidien n’a pas vraiment été modifié par le confinement, interrogeant ainsi la solitude et le manque d’interactions sociales hors temps de pandémie. Par ailleurs, elles ont moins vécu le déconfinement comme un “soulagement”. Ce profil est tout autant présent dans les QPV qu’en dehors.
Les jeunes désœuvrés et mal confinés
Ces jeunes trentenaires, à parité de genre, vivent seuls ou en collocation et plus des 2/3 sont sans emplois. Près de la majorité a vécu « péniblement » le confinement. Comparativement aux autres profils, ces jeunes ont davantage eu une alimentation peu saine, pris du poids et plus d’un tiers ne pratique pas d’activité physique. Leur exposition face aux écrans a augmenté et ils sont plus nombreux à avoir eu beaucoup de troubles du sommeil. Ils ont également eu plus de difficultés à se nourrir pour des raisons financières et à avoir fait appel à un professionnel depuis cette crise sanitaire. Le confinement a été synonyme d’isolement et pour la majorité leurs rapports familiaux ont changé avec plus de désaccords. Ce profil est davantage présent dans les QPV.
Les travailleurs anxieux
Ce profil se caractérise par une forte proportion de femmes en situation d’emploi(2/3 en CDI). Ce profil connait particulièrement bien les symptômes, les modes et les lieux de transmission du virus. Globalement leur état de santé est resté identique pendant le premier confinement, néanmoins la poursuite des soins semble avoir été plus difficile avec une part plus importante ayant préféré repousser leurs soins. Ils sont plus consommateurs de tabac et d’alcool et ont davantage augmenté leurs consommations pendant le premier confinement. Néanmoins, leur exposition aux écrans est moins importante que chez les autres profils. Leur confinement a davantage été synonyme « d’angoisses et de peurs”, avec plus de mal-être et de troubles du sommeil. Ce profil a également vécu le premier déconfinement comme une période
« stressante ». Ce profil est davantage présent en dehors des QPV.
Les familles
Dans ce profil, les deux tiers ont entre 30 et 50 ans et la quasi totalité ont des enfants en couple ou en famille monoparentale ; enfin la moitié est sans emploi. Confinés en famille, ils ont tous vécu des changements dans leurs rapports familiaux et sont nombreux à avoir apprécié passer plus de temps ensemble durant cette période. La quasi-totalité a été concernée par la continuité pédagogique avec un déroulement qui s’est globalement bien passé mais avec des décrochages dans la durée. Ces familles sont davantage en bonne santé et n’ont pas eu de difficultés à poursuivre leurs soins pendant le premier confinement. Elles ont une exposition face aux écrans un peu moins importante « en temps normal»
mais sont nombreuses à l’avoir augmentée pendant le premier confinement. Enfin, elles ont davantage vécu le premier déconfinement comme un « soulagement ». Ce profil est légèrement plus présent dans les QPV.
Les jeunes “tout va bien »
Ce profil est composé de 3/4 d’hommes et les 2/3 ont moins de 30 ans. Ils sont globalement sans enfant et la majorité a un emploi. Ces jeunes « tout va bien » s’estiment largement en bonne santé, ils n’ont pas eu besoin de recourir à la téléconsultation et la quasi-totalité ont facilement pu poursuivre leurs soins pendant le premier confinement. Ces jeunes ont davantage « bien vécu » le confinement comparativement aux autres profils (moins angoissant, moins de troubles du sommeil). S’agissant de leurs habitudes, leur alimentation et leur poids sont restés stables, mais leurs consommations de tabac, déjà plus importantes, ont légèrement augmenté. Ce profil est davantage présent dans les QPV.
DE L’OBSERVATION À L’ACTION
Travaillé conjointement, le rapport de l’étude met également en avant des pistes d’actions, concernant la prévention (connaissances du virus, campagne de vaccination et de dépistage, poursuite des soins…) ; la coordination des acteurs (des secteurs de santé et sociaux, accès aux droits et aller vers) ; des actions et des publics ciblés (addictions, exposition aux écrans, insécurité alimentaire, santé mentale…). Suite à l’enquête, des projets ont également été mis en œuvre par l’Atelier Santé ville, telle que son action « santé et pollution ». Cette action de prévention a permis à travers la distribution de masques et de port de masques, de rappeler les gestes barrières et la gestion des masques utilisés.
LES SUITES
Ce partenariat toujours vif d’intérêt mutuel, s’est poursuivi dans le cadre d’une étude sur l’offre et les recours à l’aide alimentaire pilotée par la Direction de l’Economie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DEETS) et mis en œuvre par l’agence d’Urbanisme et de développement Clermont Métropole à l’échelle du département. L’Atelier Santé Ville 63, a ainsi appuyé fortement l’agence d’urbanisme dans son enquête de terrain auprès des usagers, en réalisant près de 430 enquêtes au sein des structures de l’aide alimentaire de Clermont-Ferrand.