Comprendre les freins au covoiturage dans le Puy-de-Dôme en trois questions
Dans un contexte de hausse des prix des carburants, le quotidien La Montagne a proposé une série d’articles sur le regain du covoiturage. L’interview que Sébastien Reilles a accordée à Rémi Bayol, portait sur l’analyse des chiffres de l’Observatoire national du covoiturage.
Deux idées principales ont été relayées :
– cet observatoire recense le covoiturage qui transite via des plateformes (Klaxit, Mov’ici…) et qu’il ne permet pas d’avoir une vision sur le covoiturage informel (covoiturage entre amis) ;
– la dynamique de certains territoires est liée à un subventionnement des trajets en covoiturage, avec en général un effondrement des pratiques dès que les contributions publiques cessent.
Le nombre de Puydômois pratiquant le covoiturage augmente depuis le début de l’année. Pourtant, cette pratique peine à s’implanter durablement dans les pratiques quotidiennes. Explications.
Malgré le développement du covoiturage dans la métropole clermontoise, la pratique solitaire de la conduite y reste la norme. Comment comprendre cela ?
Éléments de réponse avec Sébastien Reilles, chargé d’études mobilités à l’Agence d’urbanisme et de développement Clermont-Métropole.
D’après l’Observatoire national du covoiturage au quotidien, le covoiturage est peu développé dans le Puy-de-dôme. Comment expliquer cela ?
Les chiffres de l’Observatoire sont basés sur les données fournies par les plateformes, comme Klaxit, BlaBlaCar Daily, Karos. Donc, par exemple, deux amis qui se donnent rendez-vous pour se rendre à un concert au Zénith de Cournon d’Auvergne ne sont pas comptabilisés. Le ministère des Transports estime que l’observatoire recense entre 15 et 20 % des trajets en covoiturage sur tout le territoire. Cela étant dit, Clermont et le Puy-de-dôme ne sont en effet pas les territoires où il y a le plus de preuves de covoiturage. Cela s’explique par une multitude de facteurs. Tout d’abord, le fait que certains axes – comme Vichy/Clermont – sont bien desservis par les trains. Pour les axes moins bien reliés, les collectivités, les entreprises locales et les plateformes de covoiturages n’incitent pas encore assez les usagers.
La Métropole expérimente en ce moment le covoiturage gratuit. Cela peut-il permettre d’inciter les automobilistes ?
Ces solutions ont été testées à Rouen et en Île-de-France avec de bons résultats. Le problème est que ça marche tant qu’on subventionne. Le jour où la Région Île-de-France a arrêté d’offrir les trajets, le trafic de covoiturage s’est écroulé de 95 %. De plus, il ne faut pas que ça pousse des gens à covoiturer pour faire de petits trajets qui peuvent être effectués à vélo ou en transport en commun.
Comment généraliser l’autopartage dans le département ?
Il faut sensibiliser les entreprises et les employés à cette question. En France, entre 75 et 80 % de l’accès au travail se fait en voiture. Les incitations financières mises en place par l’État depuis quelques années sont également importantes. La hausse du prix de l’essence et l’apaisement de la situation sanitaire ont stimulé le covoiturage. Mais si la vague de Covid-19 se confirme, je ne sais pas si la dynamique va perdurer.